Les progrès en matière d'intelligence artificielle (IA) pour comprendre le comportement humain et permettre à des logiciels intelligents et à des robots de prendre des décisions autonomes dans des situations complexes sont de plus en plus tangibles. À tel point que ces machines pourront bientôt occuper des emplois de plus en plus difficiles. Si l’on en croit le rapport de Forrester Research, en 2021, la robotique pourra prendre en charge des tâches traditionnellement occupées par les humains. Par exemple, le cabinet d’études prédit que des systèmes intelligents du genre robots autonomes, assistants numériques, logiciels IA et chatbots pourront occuper des emplois dans des services à la clientèle et même éventuellement se substituer aux chauffeurs de camion et de taxi.

« Les agents intelligents sont là, mais leur adoption n’est pas encore très répandue », ont écrit les analystes de Forrester dans leur rapport. « À mesure qu’on leur ajoute des éléments cognitifs, les capacités de ces robots s’étendent et ils pourront répondre à des usages plus ciblés ». Le cabinet d’études prévoit également qu'en 2021, l’IA aura évolué de manière significative et qu’elle aura dépassé le stade actuel, relativement simple, de l’apprentissage machine et du traitement du langage naturel. Les futures applications seront plus performantes en terme d'auto-apprentissage et pourront gérer des scénarios plus complexes.

7 millions d'emplois perdus aux Etats-Unis 

Cette annonce n’est pas très nouvelle pour les salariés américains- et elle n’est pas non plus aussi mauvaise qu’elle en l’air. En janvier, le Forum économique mondial, dont le siège est à Genève, a indiqué qu’au cours des prochaines années, des technologies comme l’IA et l'apprentissage machine pourraient entraîner la perte de plus de 7 millions d'emplois. Cependant, le Forum ajoute également que ces mêmes technologies pourraient se traduire par la création de 2 millions d'emplois dans les domaines liés à l'informatique, l'ingénierie et les mathématiques.

Tom Davenport, co-auteur de « Only Humans Need Apply: Winners and Losers in the Age of Smart Machines » (« Seuls les humains sont bienvenus : Gagnants et perdants de l'ère de la machine intelligente »), semble partager l’optimisme du Forum économique mondial. D’après lui, les systèmes d’intelligence artificielle et robotiques deviendront nos assistants et nos collègues de travail. Ils nous aideront à mieux faire notre job. « Une nouvelle génération de technologies pointe son nez et nous devons travailler avec ces technologies si nous voulons être productifs et efficaces », avait déclaré Tom Davenport à nos confrères de Computerworld en avril. « Je pense que la plupart du temps, nous travaillerons avec ces machines comme nous travaillerions avec des collaborateurs.... À mon avis, les gens qui veulent s’épanouir et prospérer chercheront à travailler avec des machines ».

Créer des emplois plus qualifiés 

Patrick Moorhead, analyste chez Moor Insights & Strategy, pense pour sa part que l'estimation de Forrester est un peu élevée. De son point de vue, le nombre sera plus proche de 3 ou 4 %. « Je ne suis pas sûr que les emplois de service à la clientèle seront remplacés aussi rapidement que cela par des machines », a-t-il ajouté. « Le transport, c’est-à-dire les chauffeurs de taxi, les conducteurs de limousine et de poids lourds ou de fourgonnettes pourront être touchés par l’arrivée des véhicules autonomes. Ou encore les emplois d’inspection, par exemple les inspecteurs chargés de vérifier l’état des oléoducs, seront impactés ». L’analyste ajoute que, si la fabrication de ces systèmes et de ces appareils intelligents est maintenue aux États-Unis, la perte nette d'emplois sera alors peu élevée.