La Société des ingénieurs et scientifiques de France (IESF) a dévoilé cette semaine les résultats de sa 33eme enquête nationale sur la situation professionnelle des ingénieurs diplômés de France. Celle-ci a été réalisée en février et mars 2022, auprès de 46 407 participants. Selon les données récoltées, les niveaux de recrutement dans les métiers de l’ingénierie, dont ceux de l'IT, sont revenus à ceux de 2019. En 2021, la proportion des ingénieurs recrutés dans les sociétés de services informatiques et les éditeurs de logiciels s’est établi à 26 703, contre 22 500 l’année précédente. Malgré cette tendance positive, les entreprises technologiques peinent à pourvoir certains postes. L’absence du profil recherché étant l’une des raisons majeures évoquées par les employeurs du secteur. Selon les compétences recherchées, la nature des difficultés varie : exigences salariales trop élevées pour les experts en intelligence artificielle ou en cybersécurité, ou bien rareté sur le marché de certains profils d’experts techniques.

En 2021, les entreprises du conseil et des logiciels ont augmenté leurs embauches d'ingénieurs. (Source: IESF/Crédit image: IESF)

Des profils IT de plus en plus difficiles à trouver

Dans son rapport, l’IESF observe dans le même temps l’émergence de nouvelles difficultés liés aux embauches dans les professions IT. Ainsi, si les ingénieurs d’études restent dans l’ensemble la denrée rare, le recrutement de chefs de projets et d’experts en numérique a été plus compliqué en 2021 que les années précédentes. A cela s’ajoute davantage de contraintes géographiques pour les candidats ingénieurs de production qui compliquent les embauches dans ce domaine. Il semble également de plus en plus difficile de s’accorder sur les conditions salariales de certaines ressources, en particulier celles demandées par les cybers spécialistes et les experts de l’IA alors même que les salaires médians évoluent peu.

L'IESF note des difficultés à trouver des ingénieurs d'étude, des experts des SI et des chefs de projets IT. (Source: IESF/ Crédit image:IESF)

Un taux de chômage historiquement bas

Parmi les points positifs, l’enquête de l’IESF constate que la population des ingénieurs (estimée à 1 191 000 fin 2021 toutes fonctions confondues), semble moins craindre une perte d’emploi avec un niveau historiquement bas. Dans les entreprises de services informatiques, le taux de chômage de 2,9% en 2021 est bien en deçà du niveau global national autour de 8%. Cela s’explique par une insertion professionnelle réactivée avec des conditions d’avant Covid. La proportion de jeunes diplômés en recherche d’emploi est également revenue au niveau d’avant pandémie, souligne également le rapport.

Des inégalités de salaires IT entre Paris et les régions

Parmi ses autres constats, l'organisme se préoccupe du statu-quo des femmes dans les métiers de l’ingénierie, avec une proportion de diplômées qui stagne autour de 28% depuis une décennie. Elle s’inquiète particulièrement de la faible part (13%) de femmes formées dans les spécialités du numérique (STIC). Du côté des salaires médians ces derniers sont stables (60 000 €) dans les métiers de l’ingénierie, voire à la hausse car lié à la pénurie de talents. En stagnation dans l’industrie, ils ont nettement augmenté dans les logiciels et les services IT, soit 52 000 € en 2021 pour les ingénieurs de moins de 65 ans, contre 50 400 € en 2019. Les disparités s’accentuent encore entre l’Ile-de-France et les régions, avec un écart salarial de 40% entre Paris et la province pour les ingénieurs de l’édition logicielle et des activités informatiques.