La modernisation des systèmes d’information des SIS (services d’incendie et secours) présents dans plusieurs régions de France a été pour le moins chaotique, constatent les sages du la rue Cambon dans un rapport sur le projet NexSIS porté par l’agence du numérique de la sécurité civile (ANSC). Ce programme initié en 2018 a pour objectif de créer un SI unifié des différents centres de secours. Ces derniers disposaient chacun des leurs pour les appels d’urgence et la gestion des opérations.

Selon la Cour des comptes, dès son démarrage, le projet (testé dans toute la France) a accumulé les problèmes. « Annulation du décret relatif au système NexSIS 18-112 par le Conseil d’État, difficultés dans les échanges avec les SIS pour définir le périmètre fonctionnel du système, impact de la crise sanitaire de la Covid 19, ou encore difficultés de mise en œuvre de la méthode de développement agile qui ont conduit à une situation très conflictuelle avec le prestataire », explique le rapport. Des erreurs techniques ont également été constatées. Ainsi, « le recours au cloud du ministère de l’intérieur pour l’hébergement de la solution a dû être abandonné, celui-ci n’offrant pas un niveau de disponibilité suffisant », glisse la juridiction administrative. Elle constate par ailleurs que l’usage du RIE (réseau interministériel de l’Etat) pour l’acheminement des appels d’urgence s’est avéré impossible. L’ANSC s’est tourné vers un prestataire externe pour mettre en place un réseau spécifique (Secourir).

Un dérapage de 40% du budget

L’ensemble de ces facteurs a entraîné un retard de trois ans dans le projet. Le déploiement complet était initialement prévu en 2025, mais l’ANSC ambitionne aujourd’hui un déploiement de la solution dans 78 SIS (sur 99) à fin 2027. Autre point, le budget de NexSIS atteint 300 M€ sur la période 2018-2031, soit 40% de plus que l’estimation initiale. La cour observe également que le modèle économique du projet est « fragile » avec un financement par les SIS, complété d’une dotation par l’État les premières années du projet. L’administration a pour l’instant supporter une grande partie des surcoûts du projet.

Pourtant des économies sont attendues de l’ordre de 500 M€ sur 10 ans avec le remplacement des solutions actuelles vieillissantes et hétérogènes. Le programme et en particulier le réseau Secourir peut servir de socle pour la création d’un réseau interministériel de collecte et d’acheminement des appels d’urgence au bénéfice de l’ensemble des services de secours (en particulier la police nationale, la gendarmerie nationale et le Samu), souligne la Cour des comptes.