Quelles seront les compétences les plus recherchées suite à la pandémie? Comment les équipes feront-t-elles pour s’adapter aux changements organisationnels provoqués par cette crise sans précédent. Pour le savoir, Degreed, une plate-forme américaine spécialisée dans la formation professionnelle, a interrogé plus de 5 200 chefs d'entreprises, managers et employés dans 8 pays en Europe et à l’international dont la  France (Etats-Unis, Mexique, Brésil, Royaume-Uni, Allemagne, Inde et Australie). Ces données ont été recueillies durant les mois de juillet et août 2020 par Censuswide, une agence spécialisée dans les études de marché. Présentés dans un rapport intitulé «Les compétences de 2021: la menace invisible», les différents scénarios  montrent que la maîtrise du numérique est devenue une nécessité au travail. Ainsi, l’informatique et la programmation (niveau avancé) arrivent en tête du top 10 des spécialités qui seront les plus convoitées l’an prochain dans l’ensemble des pays interrogés, y compris en France. Suivent des compétences sociales comme le leadership et la gestion des équipes, la communication et la négociation, l'entrepreneuriat et l’esprit d’initiative. Dans l’IT, l’analyse des données et les mathématiques occupent la 7ème place du classement mondial  tandis que la conception et l’ingénierie ferment la marche. 

La demande des entreprises en profils technologiques prédominera en 2021 quels que soient les pays interrogés par la plateforme de formation Degreed ( Source: Degreed/Crédit photo: Degree). 

Une volonté de monter en expertise dans l'IT

Par secteur, l’étude montre que les services financiers, les entreprises technologiques et de télécommunications, de même que les biens de consommation, le vente au détail, la fabrication et les services aux entreprises seront  les plus friandes de profils technologiques au cours de l’année qui s’annonce. La tendance est la même du côté des métiers (RH,finance, informatique, opérations). Seuls, le marketing et les ventes ainsi que les professionnels de santé privilégieront des savoir-faire en leadership et gestion des équipes.  Autre élément clé de cette enquête: 60% des employés, managers et chefs d'entreprise interrogés  estiment que la pandémie et la crise économique qui s'en est suivie vont accélérer la demande de nouvelles compétences. Cette nécessité pressante de monter en expertise se fait surtout ressentir en Inde (72%), au Mexique (56%) et au Brésil (62%).Cependant, en Europe (41% en Allemagne,39% en France, 37% au Royaume-Uni) ainsi qu’en Amérique du Nord (36%) les collaborateurs ressentent eux aussi le besoin urgent de se réinventer professionnellement.

Le secteur des nouvelles technologies est le plus demandeur en terme d'acquisition de connaissances. (Source: Degreed. Crédit photo: Degreed). 

Une diminution des plan d'évolution de carrière pour 40% des Français

Les professionnels du secteur  de la technologie et des télécommunications sont ceux qui ressentent le plus grand besoin de se spécialiser suivis par ceux des secteurs des entreprises et des services financiers. Malgré ce désir de progresser, les  possibilités de développement au travail se font de plus en plus rares depuis le début de la crise sanitaire et économique qui sévit à travers le monde. En France, plus d’un tiers des employés (39%%) rapportent en effet que leur employeur ne leur offre plus autant d'opportunités d'acquisition et de perfectionnement des compétences qu'auparavant. La baisse du nombre d'opportunités d'acquisition et de perfectionnement des compétences pourrait entraîner une hausse des départs volontaires, ce qui pourrait menacer la résilience des entreprises et la reprise des activités une fois la crise passée. Aujourd'hui, près de la moitié (46 %) des employés à travers le monde estiment être hésitants à démissionner si leur employeur ne leur propose aucune opportunité d'acquisition et de perfectionnement des compétences.

Près de 50% des employés français se disent prêts a quitter leur employeur, faute de formation. (Source: Degreed. Crédit photo: Degreed). 

A cela s'ajoutent des facteurs qui freinent l'identification des savoir-faire des collaborateurs pour pouvoir leur proposer une formation.  En effet, seuls 21 % des employés estiment que les informations les plus récentes concernant leurs aptitudes sont stockées sur des réseaux et communautés en ligne comme Linkedin, Twitter, Dribbble ou GitHub. 34 % pensent que ces informations se trouvent dans les systèmes de RH de leur entreprise. Plus d'un quart des employés (27 %) estiment pour leur part que les données les plus récentes concernant leurs compétences se cachent dans des documents tels que leurs CV, alors que 18 % d'entre eux pensent qu'il n'existe aucun moyen d'accéder à ces informations en temps réel.

Une incertitude qui gagne 60% des spécialistes IT 

Dans son enquête, Degreed va plus loin en soulignant que les architectures de données et l'IA avancée ne suffisent pas à combler les lacunes des processus RH traditionnels. Si les données de compétences sont recueillies via des candidatures ou des profils en interne, entre 75 à 80 % des employés ne remplissent pas leur spécificité sur les systèmes de RH de leur entreprise. 61% des répondants indiquent ne pas bénéficier de retours réguliers sur leur performance ou leurs compétences, tandis que 41% déclarent être souvent amenés à accomplir des tâches qui ne figurent pas sur leur fiche de poste. En conclusion, le rapport souligne que l'incertitude qui règne autour des compétences suite à la crise sanitaire menace gravement la productivité et la performance des employés. Ainsi près de la moitié des professionnels de nouvelles technologies (47%) sont les plus susceptibles de mettre davantage de temps à accomplir les tâches qui leur sont confiées. 30% estiment que la qualité de leur travail peut en pâtir. Enfin, ce sont ceux qui doutent le plus (60%) de l'engagement de leur employeur vis-à-vis de leur carrière.