Java nuirait-il gravement à la formation des ingénieurs IT ? C'est en tout cas le point de vue de Crosstalk, une publication américaine qui milite pour la défense de l'ingénierie logicielle. Le magazine considère en effet que les programmes de formation informatiques et scientifiques négligent les connaissances de base, surtout en programmation et en méthodes formalisées. Crosstalk déplore la baisse de niveau des enseignements en mathématiques, et estime que l'enseignement de différents langages de programmation a été remplacé par une sorte de « cuisine » basée sur l'utilisation de vastes bibliothèques de codes et de packages spécifiques. Du coup, les compétences en programmation seraient devenues insuffisantes pour répondre aux besoins actuels de l'industrie du logiciel, surtout dans les domaines de la sécurité et des plans de secours. Ces tendances avaient déjà été relevées en 2005 par l'ACM (Association for Computer Machine, association pour l'ingénierie informatique), qui avait noté à cette époque une absence totale des mathématiques dans les UV (unités de valeur) proposées dans le cadre de certains programmes d'études IT, et seulement un cours théorique en programmation. Robert B.K. Dewar, et Edmond Schoenberg, auteurs du billet publié par Crosstalk, professeurs à l'Université de New-York depuis plusieurs décennies et également dirigeants d'Adacore, un éditeur de solutions Open Source, mettent cette baisse du niveau des enseignements sur le compte de Java : ils regrettent que ce langage soit devenu le premier langage de programmation enseigné dans la plupart des institutions scientifiques. « Le fait d'avoir fait de Java le premier des langages dispensés dans les programmes d'apprentissage a eu pour effet de faire baisser le niveau des étudiants ingénieurs, déplorent-ils. En tant que fondateurs d'une entreprise spécialisée dans la programmation Ada pour le développement d'applications critiques, nous rencontrons actuellement des difficultés pour recruter des spécialistes ayant des compétences de programmation de base. Nous ne pouvons que recommander aux établissement de l'enseignement supérieur de délivrer des programmes de formation plus rigoureux, basés sur l'enseignement de méthodes formalisées et de différents langages de programmation. »