La ministre de l'Enseignement supérieur et de la recherche, Geneviève Fioraso, inaugurait le supercalculateur CURIE dans les locaux du Très grand centre de calcul du CEA (TGCC) à Bruyères le châtel, dans l'Essonne. Une machine indispensable pour la France et l'Europe pour rattraper son retard dans le domaine face aux USA, à la Chine mais aussi au Japon. Le supercalculateur CURIE se place ainsi en 9 ème position des plus puissants au monde.

Conçu par Bull et mis à la disposition de la communauté scientifique française et européenne, CURIE est la deuxième pièce de l'infrastructure européenne de calcul intensif PRACE et vient doubler la puissance de recherche du programme. Afin de bénéficier des meilleures opportunités technologiques, le supercalculateur a été installé en deux phases, de fin 2010 à fin 2011, qui ont permis l'intégration de différents types de noeuds de calcul: noeud larges, hybrides et fins. Conçu pour combiner une puissance de calcul élevée (2 Petaflops) et une très grande capacité de traitement des données, CURIE est capable d'effectuer jusqu'à 2 millions de milliards d'opérations à la seconde.

Une puissance équivalente à celle de 100 000 PC en réseau


Pour parvenir à une telle performance, le supercalculateur est constitué de plus de 92 000 processeurs couplés à un système permettant le stockage de l'équivalent de 7600 ans de fichiers mp3 à une vitesse de 250 Go par seconde. Le cluster CURIE se compose de 360 noeuds larges abritant chacun 4 processeurs octo-coeurs Intel Xeon et de 1 440 processeurs octo-coeurs Intel Nehalem-EX X7560 cadencés à 2,26 GHz soit l'équivalent de 11 520 coeurs; de 5 040 noeuds fins abritant chacun 2 processeurs octo-coeurs Intel Sandy Bridge 2.7 GHz et de  10 080 processeurs octo-coeurs Intel Xeon nouvelle génération soit l'équivalent de 80 640 coeurs. Enfin les noeuds hybrides reposent sur 16 châssis bullx B équipés chacun de 9 lames hybrides comprenant 2 Intel Westmere à 2,66 GHz/ 2 Nvidia M2090 T20A pour un total de 288 processeurs Intel + 288 processeurs Nvidia.

Le tout développe une puissance équivalente à celle de plus de 100 000 PC en réseau. "Le choix de processeurs Intel au détriment d'un développement de processeur spécifique est avant tout un choix économique", déclare ainsi Philippe Vannier, PDG de Bull.

CURIE, du calcul de masse au service de la science

Si les données impressionnent sur le papier, sur le terrain aussi, la machine fascine. Installés dans une salle sécurisée de 200 mètres carrés, les 120 racks tournent à pleine puissance dans un vacarme tel que le port d'un casque antibruit s'impose. Pour l'heure, 2 avancées scientifiques majeures ont déjà pu êtres réalisées avec CURIE. Ainsi, le Professeur Jean Michel Alimi a pu réaliser la première modélisation de la structuration de tout l'univers observable du Big Bang à nos jours.

De son côté, le professeur Caffarel et son équipe ont pu avancer dans la recherche pour lutter contre la maladie d'Alzheimer, véritable enjeu de santé publique, en parvenant à simuler le comportement de certaines molécules à l'intérieur du cerveau, une expérience qui n'aurait pas été possible sans la puissance développée par CURIE.

900 fois la puissance actuelle d'ici 2020


Toutefois, si les premières fonctions du supercalculateur sont scientifiques, à l'avenir, de grandes entreprises pourraient être amenées à l'utiliser. Ainsi, des avionneurs comme Airbus pourraient optimiser leurs calculs sur la mise en place des réacteurs ou encore l'aérodynamique des carlingues. Une puissance qui pourrait aussi être utilisée dans les domaines de la finance, du multimédia ou encore de l'environnement.

D'ici 2020, l'objectif visé est de passer la barre de l'exaflop, avec une puissance équivalente à 900 fois celle de CURIE. Le coût de la R&D pour passer à ce niveau devrait s'élever à prêt de 400 millions d'euros. La durée de vie d'une telle machine est estimée à 5 ans. "Le but est de pouvoir disposer, tous les 5 ans, d'une machine 20 fois plus puissante que la précédente pour une consommation et un prix équivalents" déclarait ainsi Bernard Bigot, administrateur général du CEA. Un défi qu'entend bien relever Philippe Vannier: "Nous sommes deux fois plus rapides que la loi de Moore" a-t-il affirmé.