Quand il s'agit de surveiller clandestinement les réseaux de télécommunications américains, on ne peut pas dire que la NSA, l'Agence américaine de sécurité nationale, soit regardante sur les frais. Selon un article paru avant le week-end dans le Washington Post, l'agence gouvernementale paye aux opérateurs américains « des centaines de millions de dollars par an » pour l'utilisation du matériel et du service requis pour intercepter les appels téléphoniques, les courriels et les messages instantanés des abonnés américains. Selon le Post, sur son exercice fiscal courant, la NSA s'attendait à débourser 278 millions de dollars pour bénéficier de cet accès, et elle avait payé 394 millions de dollars pour l'exercice 2011.

Comme le précise le Post, « si d'autres articles parus dans la presse ont déjà dit que l'agence s'acquittait de certains frais pour mener sa surveillance des réseaux de communication, le montant exact payé par l'agence n'avait encore jamais été cité ». La NSA, la plus importante des 16 agences de renseignement américain, est en charge de la collecte et de l'analyse de données afin de surveiller les activités de pays étrangers qui pourraient être hostiles vis-à-vis des États-Unis. L'agence est supervisée par le directeur du renseignement national américain, lequel dépend du ministère de la Défense.

Des procédés utilisés dans les années 70

La pratique remonte au moins aux années 70. Ces programmes de collecte de données - ils ont eu pour noms Blarney, Stormbrew, Fairview, et Oakstar - sont différents du programme Prism dont l'existence a été révélée par l'ancien consultant de la NSA, Edward Snowden. Prism recueille des données auprès des fournisseurs de services américains comme Microsoft, Facebook et Google, alors qu'avec ces programmes, la NSA collecte des données d'intérêts potentiels quand elles transitent par les passerelles de télécommunication.

L'article ne donne pas les noms des entreprises de télécommunications qui participent au programme, mais note qu'elles sont payées pour les coûts matériels et la main-d'oeuvre employée pour installer et faire fonctionner l'équipement nécessaire, plus un certain pourcentage de profit. Le groupe de défense de la vie privée Electronic Privacy Information Center avait déclaré qu'il était choquant que la NSA paye autant d'argent aux entreprises de télécommunications, dans la mesure où les clients attendent des opérateurs qu'ils protègent leurs communications et leur vie privée.