Trois millions de personnes. Le tiers de la population en Autriche. Toutes ces personnes ont vu leurs données personnelles commercialisées par la Poste autrichienne. Le site d’investigation autrichien Addendum a révélé que le nom, l’âge, l’adresse et le sexe des clients de l’opérateur de services postaux ont servi à développer un modèle croisant également les résultats de bureau de vote pour « établir l’affinité partisane probable d’une personne » a avoué la société le 8 janvier. Elle précise que « ce calcul sert exclusivement à limiter les pertes inutiles dans les envois de courrier » des partis auxquels ces données sont vendues.

Ce commerce de renseignements personnels est effectué dans le cadre de la loi et est une « pratique courante depuis des années » selon la Poste autrichienne. Ce business lui rapporte 10 millions d’euros par an selon Addendum. En France, en 2015, Cash investigation s’était intéressé à ce genre de pratique marketing. Les journalistes avaient rencontré un ancien responsable de Mediapost, filiale de la Poste spécialisée dans la vente et le rachat de données personnelles. A l’époque, sa base de données contenait 40 millions d’adresses postales, 25 millions d’emails et 19 millions de numéros de téléphone. Le responsable indiquait alors à nos confrères qu’il vendait « aux e-commerçants, à la grande distribution, à Nestlé, Carrefour, Auchan » par exemple.