Doper l'activité et les métiers grâce à une exploitation pertinente et efficace de la donnée. Telle est l'ambition d'un nombre grandissant d'entreprises (ENI Gaz & Power France, Adeo groupe Leroy Merlin, Crédit Mutuel Arkéa...) qui mettent autant les ambitions que les moyens vers le fameux « data driven ». C'est, sans surprise également le cas de la Société Générale, qui a profité d'un point presse annonçant le coup d'envoi de la 4e édition de sa TechWeek (23-24 novembre 2021), pour faire un point sur ses avancées dans ce domaine. L'exploitation et la valorisation des données à des fins d'amélioration business ne fait donc désormais plus aucun doute, et les cas d'usage data et IA sont d'ailleurs en nette hausse. « L'utilisation de l'IA et de la data devient coeur dans la construction de notre banque data driven et un pilier stratégique de notre transformation digitale à venir », a expliqué Claire Calmejane, directrice innovation de la Société Générale. « La plupart de nos modèles IA sont centrés sur la compréhension de l'humain et sont à la fois robustes et sécurisés ».

A ce jour, 330 cas d'usage data et IA sont en production et industrialisés, en hausse de 80% par rapport à 2019, et 15 ont été montés à l'échelle pour être réutilisés dans le groupe sur plusieurs entités. Cette montée en puissance s'est accompagnée par le développement de nouvelles compétences et une appropriation par le management (meilleure compréhension et capacité à prendre des décisions stratégiques, investissements et attribution de ressources). En 2021 près de 5 000 collaborateurs de la Société Générale ont été formés à l'IA dans 25 pays avec plus de 2 000 qualifications obtenues. La banque compte plus de 1 000 experts de la données dont 65 responsables CDO. 

Des usages data et IA variés

Parmi les cas d'usage en cours, on retrouve au-delà des classiques chatbots (Sobot sur SG et Eliot sur la filiale Boursorama), avec en France 15 000 conversations par jour traitées par ce biais avec un taux de satisfaction client de 98%. Les applications Filae (lutte anti blanchiment et analyse des mouvements de fonds) et Defi (lutte contre la fraude chèques falsifiés et tentatives de virements frauduleux). Synoé (vue globale détaillée sur le patrimoine financier ou non financier) et Mon Patrimoine lancé par l'entité banque privée (solution de conseil en arbitrage digital adapté aux objectifs et connaissance financière du client). Cast, une solution d'analyse automatique des communications audio et électroniques utilisée dans 16 pays pour des processus speech to text et de traduction en 26 langues sur l'ensemble des communications du groupe. Parmi les autres exemples saillants : Personetics (solution de personnalisation des données financières et de conseils personnalisés sur les informations et habitudes financières), Investor profiling (recommandation et appétence au risque inclus dans la plateforme SG Markets et réutilisé pour la recommandation de crédit sur le marché secondaire). D'autres usages IA sont un peu plus exotiques, en Russie, comme celui consistant à catégoriser l'analyse de l'émotion client pour hiérarchiser les demandes et prioriser leur traitement. 

En termes d'outillage, la Société Générale a mis en place de nombreuses solutions analytiques dont Power BI, Tableau ou encore Dataiku. Pour cette dernière solution, un contrat groupe a été signé à l'été 2021. « C'est une plateforme très demandée qui permet la traçabilité des données et l'automatisation du reporting », indique Claire Calmejane. Au départ, 50 licences ont été prises pour la gestion des risques et 20 ont été rajoutés dans la banque de détail en république Tchèque mais un changement d'échelle s'opère avec 150 à 200 licences supplémentaires au niveau groupe déployées assez rapidement. « Les entités comprennent comment l'utiliser cette plateforme low code qui est utilisée de plus en plus par les métiers. Il s'agit d'une véritable transformation culturelle », analyse Claire Calmejane.

Un changement de braquet dans le cloud

Cette accélération sur la data et l'IA s'accompagne aussi d'un changement de braquet en matière d'infrastructures, plus que jamais orientées vers le cloud. « Nous avons beaucoup progressé pour bâtir un socle technologique plus adapté à l'utilisation de ces nouvelles technologies en changeant des architectures informatiques avec des applications beaucoup plus souples et modulaires, avec des API pour se greffer à d'autres systèmes et des réutilisations  à travers le groupe. On va continuer a utiliser le cloud hybride. Il y a encore beaucoup à faire dans ce processus d'exploitation des données, ce n'est que le début y compris dans l'usage de l'IA pour rendre cette donnée plus accessible, plus facile », a expliqué Frédéric Oudéa, directeur général de la Société Générale. Cela s'accompagne aussi par un virage vers la conteneurisation, les micro services et l'infrastructure as code Framework de supervision en termes de sécurité et de compliance pour les applications cloudifées

Pour soutenir les services data et IA, une plateforme datalake hybride de 40 Po de données est utilisée et adossée sur du cloud public et privé. Et une autre cloud public. 40 Po de données. Sur le cloud privé, on trouve les données bancaires des clients français, assurance, et fonctions centrales : finance, risques, gouvernance, RH... Dans le cloud public : solutions d'investissements et global banking. Un plan de modernisation des systèmes IT est en cours pour tirer pleinement partie du potentiel du cloud. Celui-ci n'est pas récent et remonte à 2017. Après avoir orienté sa stratégie vers le IaaS, c'est vers le PaaS que la Société Générale accélère. « On cherche un cloud le plus automatisé possible pour les développeurs pour être plus efficaces », fait savoir Christophe Leblanc, directeur des ressources et de la transformation numérique de la Société Générale. « La part du PaaS va passer de 15% à 75% à horizon 2025 ». Le groupe va aussi mettre en place des outils pour mieux tirer partie de son patrimoine de données, orientés low/no code, qualité des données avec des dictionnaires et des catalogues pour savoir comment, quand et par qui la donnée peut être accédée plus rapidement. 

Un avenir en Bleu pour la Société Générale ?

« On a principalement deux cloud provider externe, AWS et Azure », poursuit Christophe Leblanc. « On ne souhaite pas nécessairement démultiplier les fournisseurs cloud externes car cela créé une certaine complexité ». Pour la surmonter, le groupe indique avoie utilisé des outils de « trust and control » pour utiliser le cloud externe de façon sécurisée pour ses équipes de développeurs. « L'empreinte des clouds externes est en train de croitre même si elle reste limitée par rapport à l'ensemble des infrastructures internes que nous utilisons », note Christophe Leblanc.

A horizon 2025 le groupe table sur 25% de ses infrastructures dans le cloud externe. Incluant pourquoi pas le cloud  souverain ? La Société Générale est loin d'être contre : « Cela nous intéresse. Tout ce qui va nous permettre de mettre dans des données clients dans un environnement type Azure dans un cloud de confiance non sensible au Cloud Act américain, on regarde. On regarde notamment de près la façon de Bleu avec Capgemini, Orange et Microsoft, va se développer et facturer ses services. On est intéressé mais on n'ira pas les yeux bandés ».