Après une fin d'année mouvementée, Satyam Computer Services entame 2009 avec de nouveaux ennuis. Derniers événements en date à secouer le numéro 4 de l'infogérance en Inde, la démission du président Ramalinga Raju et le dépôt d'une action collective ('class action') à l'encontre de la société par deux cabinet juridiques américains. Le président et fondateur de Satyam a ainsi présenté le 7 janvier sa lettre de démission au conseil d'administration de l'entreprise, reconnaissant avoir gonflé les résultats financiers. A ce jour, personne ne sait où se trouve l'ex-président de la SSII. Son frère, Rama Raju, directeur général de Satyam, a également démissionné. Dans son courrier, Ramalinga Raju explique que le bilan de la SSII présentait une surévaluation des soldes bancaires et de caisse, mais affichait aussi des intérêts courus inexistants, une sous-estimation de certains éléments du passif, et des montants surévalués pour certains crédits dus à l'entreprise. Pour le trimestre qui s'est terminé le 30 septembre, Satyam avait présenté un CA de 27 milliards de roupies (570 M$) et un bénéfice opérationnel de 6,5 milliards de roupies. Ramalinga Raju a précisé que le CA ne se montait finalement qu'à 21,12 milliards de roupies et le bénéfice à 610 millions. Les deux frères ont précisé ne pas avoir bénéficié financièrement de cette opération, et se disent prêts à se soumettre à toute pénalité légale et à faire face aux conséquences de leurs actions. Une tentative de diversification avortée Les ennuis de Satyam sont apparus au grand jour lorsqu'il a annoncé le 16 décembre son intension de se diversifier dans la construction. La SSII comptait alors acheter deux entreprises dans lesquelles Raminga Raju et sa familles avaient des intérêts. Elle a du se raviser dès le lendemain suite à l'opposition des investisseurs et des analystes. Le président démissionaire a expliqué dans sa lettre que cette opération avait pour but de remplacer des « actifs fictifs par des actifs réels ». Les malheurs de Satyam n'ont ait qu'empirer lorsque la Banque mondiale, un de ses clients, a déclaré le 23 décembre que la SSII ne pourrait plus prétendre à des contrats direct avec elle dans le cadre de sa politique d'achats entreprise, et ce durant une période de huit ans. Selon la déclaration de la Banque mondiale, la SSII a fourni des avantages impropres à certains personnels de la banque, et n'a pu fournir la documentation des frais de supports qu'elle a facturé pour ses sous-traitants. Malgré les protestations de Satyam qui qui s'est inscrit en faux face à ces accusations et a demandé des excuses, la banque est restée sur ses positions. Le 29 décembre, la SSII a finalement engagé DSP Merrill Lynch pour étudier les options stratégiques pour l'entreprise. La banque d'investissement vient de mettre fin à cet accord mercredi 7. Le conseil d'administration pourrait décider de la vente de Satyam Prévue à l'origine le 18 décembre pour étudier un rachat d'actions, puis reportée, la réunion du conseil d'administration de Satyam devrait avoir lieu samedi 10. Forrester Research estime très probable qu'après cette réunion «des changements de gouvernance et de direction soient décidés, voire même la vente de la société. » La participation de la famille Raju dans la SSII est tombée de 5,1% à 3.6 % après que des investisseurs institutionnels aient vendu leurs parts cette semaine. Et cette situation met la société en position de se faire racheter, selon les analystes. Ceux-ci, comme les investisseurs, estiment que la meilleure façon de s'en sortir pour Satyam est d'être racheté par un de ses concurrents. Certains noms, déjà évoqués en décembre, le sont de nouveau : IBM, Hewlett-Packard ou l'indien HCL Technologies. Pour couronner le tout, deux cabinets juridiques américains, Izard Nobel et Vianale & Vianale, viennent donc de lancer une 'class action' aux Etats-Unis, au nom de ceux qui ont acquis des American Depository Receipts (ADR) de Satyam. Les ADR sont des dépots sécurisés de titres qui représentent des parts dans des entreprises non-américaines. Le gendarme de la Bourse indienne, le Securities and Exchange Board of India (SEBI), a ordonné une enquête sur les activités financières de Satyam mais celle-ci n'a pas entraîné de poursuite. Les deux plaintes stipulent que Satyam et certains de ses cadres auraient violé les lois fédérales sur les titres en émettant des états trompeurs et matériellement faux. La société devait tenir une conférence de presse ce soir afin de faire le point sur la situation en attendant la réunion du 10 janvier.