L’intelligence artificielle attire les investisseurs, les start-ups l’ont bien compris. La dernière en date à bénéficier d’un large soutien financier n’est autre qu’Aleph Alpha. La jeune pousse basée à Heidelberg, en Allemagne, vient de réunir plus d’un demi-milliard de dollars lors d'une levée de fonds en série B. Autour de la table, des industriels rejoignent les investisseurs de la première heure. On retrouve ainsi l'Innovation Park Artificial Intelligence (Ipai), Bosch Ventures et les entreprises du groupe Schwarz (propriétaire de Lidl) qui co-dirigent ce tour, rejoints par des investisseurs entrants - Christ&Company Consulting, basé à Berlin, Hewlett Packard Enterprise, SAP, ainsi que Burda Principal Investments. Des investisseurs institutionnels existants participent également à ce tour de table. Pour mémoire, la première levée remonte à juillet 2021 pour un montant de 27 millions de dollars. Aleph Alpha, co-fondée en 2019 par Jonas Andrulis et Samuel Weinbach, rassemble une équipe de scientifiques et d'ingénieurs qui travaillent au développement et au déploiement d’une IA « transformative comme les grands modèles linguistiques et multimodaux ».

En clair, elle recherche, développe et rend opérationnel des LLM vers une IA générative à l'instar de GPT-3. La plateforme exécute une API publique offrant aux organisations des secteurs public et privé de mener leurs propres expériences d'IA et de développer leurs propres modèles. Aleph Alpha fournit à ce jour des solutions BtoB et BtoG (government) avec une IA explicable et sécurisée. L’entreprise précise que ses solutions d'IA générative sont appréciées « des entreprises et des institutions gouvernementales qui cherchent à conserver leur indépendance, à sécuriser leurs données et à construire des solutions fiables ». Cette opération doit donc renforcer sa position en tant que « fournisseur de premier plan d'applications souveraines d'IA générative en Europe » indique-t-elle.

Un financement alloué à la R&D et à l'expansion en Europe

Forte de ce financement, la jeune société veut faire progresser sa recherche sur l’IA, mais aussi accélérer le développement et la commercialisation de l’IA générative pour les applications les plus complexes et les plus critiques, notamment dans les secteurs sensibles aux données tels que la santé, la finance, le droit, l'administration et la sécurité. « Pour donner plus de pouvoir aux clients, Aleph Alpha continuera d'étendre ses offres tout en maintenant l'indépendance et la flexibilité pour les clients en matière d'infrastructure, de compatibilité avec le cloud, de support sur site et de configurations hybrides. Les développements en cours étendront les interfaces et les options de personnalisation adaptées aux exigences critiques des entreprises » a déclaré Jonas Andrulis, CEO et fondateur d'Aleph Alpha.

Aleph Alpha combine en effet la protection et la sécurité des données avec des options d'explicabilité et de personnalisation. Partant de cela, elle cible dans un premier temps l’Allemagne, qu’elle estime être la « base de l'expansion internationale de l'IA souveraine explicable et digne de confiance ». Elle compte ensuite s’étendre ailleurs en Europe, la dimension européenne étant privilégiée afin d’apporter une solution qui soit respectueuse du RGPD, mais aussi des autres règlements européens à venir. Aleph Alpha n’est pas un concurrent direct d’OpenAI ; elle se rapproche plutôt d’entreprises comme Mistral AI, entreprise française qui a annoncé avoir réuni 105 millions d’euros de financement en juin dernier. Quelques mois plus tard, cette dernière a d’ailleurs annoncé son premier grand modèle de langage open source, Mistral 7B.