Le régulateur des télécoms vient de publier son rapport sur la transition vers IPv6 en France. Cette migration est rendue inévitable avec l’épuisement en 2019 des adresses IPv4 en Europe. Pour mémoire, ce protocole permettait la création de 4,3 milliards d’adresses IP, pour IPv6 ce sont 340 undécillions (340 suivi de 66 zéros) d’allocations qui sont attribuables. Mais ce changement nécessite des investissements dans les réseaux des opérateurs et du temps.

Selon le dernier baromètre de l’Arcep, il semble que les opérateurs aient pris le taureau par les cornes et accéléré la mise à niveau de leur infrastructure. Des efforts se traduisant par la deuxième place mondiale dans le taux d’utilisation d’IPv6. Le régulateur observe que ce taux dépasse 62 % (+15 points en un an) pour les opérateurs français. Ce qui fait dire à l’autorité qu’ « à l’horizon mi-2025, 94 % des clients grand public sur les réseaux fixes et 88 % des clients grand public sur les réseaux mobiles devraient avoir de l’IPv6 activé par défaut ».

Des résultats contrastés entre opérateurs

Dans ce concert de louanges, l’Arcep constate une disparité entre acteurs et les réseaux sur l’avancée de la transition. Par exemple, Free a quasiment terminé l’évolution vers IPv6 de son réseau internet fixe. Par contre, SFR est pointé du doigt par ne pas avoir encore commencé sur le réseau câblé. Orange est à 89 % et Bouygues Telecom à 52 %. Si on se penche sur le réseau mobile, Bouygues Telecom est jugé comme le meilleur élève avec un taux d’adoption de 89 %. Orange est derrière à 71 % et SFR en troisième position à 49 %. Le bonnet d’âne est attribué à Free Mobile avec seulement 1 % de son réseau compatible IPv6.

D’autres acteurs sont à la traîne comme les hébergeurs affichant un taux de bascule de 25 % et 8 % pour les fournisseurs de messagerie. L'Arcep constate par ailleurs qu'IPv6 est quasiment absent des accès internet des grandes entreprises. L’Arcep rappelle qu’aujourd’hui « Internet n’en est encore qu’à la phase de cohabitation. IPv4 et IPv6 (avec un système de traduction d'adresse) vont coexister tant qu’IPv6 n’a pas été généralisé au niveau de tous les maillons de la chaîne d’Internet ». Le risque est d’avoir un Internet à deux vitesses et surtout de provoquer le dysfonctionnement de certaines catégories de services sur Internet (systèmes de contrôle de maison connectée, jeux en réseau, etc.)