Le recours au cloud ne fait aujourd'hui plus vraiment débat dans les organisations françaises. En effet, sur une centaine d'ETI, grandes entreprises et administrations françaises interrogées dans une récente étude EY, 70% ont indiqué utiliser un cloud, privé pour 34% d'entre elles, public pour 10% et hybride dans 26% des cas. Selon cette même enquête, présentée en avant-première le 16 février par Toufik Hartani, associé EY Technology Consulting lors du symposium 2023 de l'Isaca Afai, 64% des répondants disposent par ailleurs d'une stratégie établie en matière de cloud, témoignant d'une accélération de l'adoption de ces environnements.

Les enjeux classiques des DSI se retrouvent dans les motivations de ce recours croissant au cloud. La volonté de réduire les coûts ressort ainsi comme la raison la plus citée, présente chez 39% des sondés - une ambition toutefois rarement concrétisée, puisque 22% seulement des décideurs interrogés ont constaté des gains financiers à la suite de leur passage au cloud. Néanmoins, ce décalage s'explique aussi par le faible taux de répondants (15% seulement) ayant mis en place des cellules pour piloter les coûts du cloud et des démarches FinOps.

Agilité, réduction de l'obsolescence : promesses tenues

Pour les autres motivations citées, les résultats obtenus semblent plus en phase avec les attentes : en deuxième place, le souhait d'accélérer les cycles de développement (32%) est ainsi à rapprocher des 74% d'organisations qui témoignent d'une amélioration de la performance métier, notamment par la réduction du time-to-market, ainsi que des 66% qui observent des gains d'agilité. Près d'un tiers des répondants voient aussi le recours au cloud comme un moyen de réduire l'obsolescence IT : un pari réussi pour près de la moitié des répondants (48%), qui estiment que le cloud a permis de simplifier leur système d'information.

Pour 26% des organisations, l'adoption du cloud permettrait aussi de réduire l'empreinte de leurs datacenters internes. Cependant, il s'agit davantage pour les sondés de réduire le poids de ces datacenters en termes financiers et de maintenance, plutôt que leur empreinte environnementale. L'intérêt du cloud en matière de politique RSE n'est en effet perçu que par 38% de répondants - alors même que le décommissionnement des datacenters permis par le cloud affiche des effets mesurables sur les bilans carbone, comme en témoignent les entreprises rencontrées pour le grand théma CIO Green for IT. Pour Toufik Hartani, ce constat s'explique notamment par le faible niveau de maîtrise de la plupart des organisations sur leur bilan carbone IT. Enfin, dans 17% des cas, l'adoption du cloud apparaît plutôt comme un passage obligé, résultant de l'évolution des offres : l'étude souligne ainsi que de plus en plus d'éditeurs s'orientent vers des solutions SaaS et ne maintiennent plus leurs offres on-premise.

Un effort sur la formation

L'arrivée du cloud dans les entreprises et administrations s'accompagne également d'un certain nombre de changements : plus de six répondants sur dix (61%) considèrent qu'une culture du cloud s'est mise en place dans leur organisation. Cette transition s'appuie notamment sur une évolution des parcours de formation, à l'oeuvre chez 41% des sondés. En revanche, si l'adoption de certaines technologies est souvent mise en avant comme un facteur d'attractivité pour le recrutement de talents IT, l'argument semble ne jouer que marginalement en faveur du le cloud. Ainsi, 30% seulement des sondés observent un tel effet - la plupart du temps limité à certains types de profils.

Malgré la domination sur le marché des grands acteurs américains, tant au niveau du PaaS que du SaaS, les répondants se montrent globalement plutôt satisfaits du niveau de concurrence (59%). Plus en détail, les sondés apprécient la diversité des services proposés (69%), la conformité aux contraintes locales (59%), mais 42% seulement les modèles de prix. « La crainte de la dépendance à un fournisseur (vendor lock-in) et les frais de sorties des données (egress fees) poussent notamment ceux qui le peuvent vers une stratégie multicloud », pointe Toufik Hartani.

L'étude fait toutefois ressortir des différences entre le secteur privé, avec un niveau de satisfaction du marché qui grimpe à 67%, et le secteur public, où il ne dépasse pas 46%. Cette différence s'explique notamment par des préoccupations plus marquées en matière de souveraineté dans le secteur public, même si ces dernières apparaissent aussi dans le privé. Les répondants sont ainsi 59% à considérer que la réglementation est un frein à l'adoption du cloud. Au niveau global, la majorité des organisations penche du côté d'un renforcement des mesures de protection des données : 81 % plaident pour un hébergement des données sur le territoire, 76 % pour un actionnariat majoritaire basé en Union européenne et 68 % sont favorables à la certification des acteurs extra-européens par un tiers de confiance.