Les données de tous les enfants scolarisés en Angleterre dans le système public vont bientôt être mises à la disposition des entreprises privées. Le projet Care.dat, porté par le gouvernement britannique, enflamme les débats et a déclenché une véritable tempête sur la question de confidentialité des données sensibles. Le ministère de l'Éducation britannique a en effet décidé de « libérer » les données scolaires après des mesures similaires concernant l'accès aux données anonymisées des patient du NHS (le système de santé anglais) et des contribuables (HM Revenue & Customs). Ces deux initiatives ont toutefois déjà attiré l'ire des défenseurs de la vie privée. La vente de données anonymes pourrait facilement conduire à l'identification de particuliers sans leur autorisation. L'initiative du ministère britannique de l'Éducation a donc jeté de l'huile sur le feu.

Le ministère a décidé de partager des extraits de sa base de données NPD (National Pupil Database), qui comprend les noms et adresses des enfants, leur date de naissance, leurs résultats aux tests et examens, leurs handicaps, ainsi que certaines informations sensibles comme le fait de savoir si un enfant est pris en charge par les services sociaux, s'il a été exclu de l'école, son origine ethnique et ses besoins éducatifs particuliers (dyslexie, dyspraxie...). Si toutes ces données sont collectées et stockées informatiquement depuis l'année 2002, les élèves et les parents ont toutefois le droit de refuser que ces détails soient stockés sur la base de données nationale.

Des informations très sensibles confiées à n'importe qui

Le ministère de l'Éducation indique que des extraits du NPD sont maintenant disponibles pour toute « organisation ou personne, dans le but de promouvoir l'éducation et le bien-être des enfants en Angleterre : dans les domaines de la recherche ou de l'analyse, de la production de statistiques, de fourniture d'informations, de conseils ou d'orientation ». On pense spontanément à des organismes proposant du soutien scolaire qui pourront facilement cibler les élèves en difficultés scolaires pour proposer leurs services.

Très kafkaïen, le ministère de l'Éducation a confirmé que les données seront diffusées suivant une classification sur quatre niveaux. Le niveau 1 contient les « informations personnelles les plus sensibles » , le niveau 2 « d'autres informations personnelles sensibles, y compris les versions les moins sensibles des données de niveau 1 ». Le niveau 3 contient « des données essentiellement scolaires », et le niveau 4 « les autres données concernant l' élève », comme « ses réussites mais aussi ses absences et ses exclusions ».