Ce 18 octobre se tenait à Station F le Meet’Up Greentech. Pour l’occasion, Christophe Béchu, ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires et Jean-Noël Barrot, ministre délégué chargé de la Transition numérique et des Télécommunications se sont déplacés, afin de saluer les derniers lauréats – 45 cette année – labellisés Greentech Innovation. L’opportunité également de faire un point sur la feuille de route écologique du gouvernement.  Pour Christophe Béchu, il s’agit d’abord d’ « affronter l’urgence climatique et accélérer le rythme de la décarbonation ». Avec « en jeu, l’habitabilité de la planète », « les innovations peuvent être une solution et l’intelligence doit être un domaine dans lequel nous devons nous continuer nos efforts » poursuit-il.

Christophe Béchu, ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires, a salué les lauréats de la promotion Greentech 2022. (Crédit : Damien Carles/Terra)

En ce sens, le label Greentech Innovation – initiative portée par l’Ecolab depuis 2016 – est un moyen de « corriger une partie du déséquilibre créé » précise le ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires. Saluant les 45 lauréats qui viennent rejoindre la cohorte, il annonce qu’au total, 247 entreprises sont aujourd’hui labellisées sous ce label vert. Elles bénéficient ainsi d’ « une reconnaissance de l'État de leur potentiel à devenir des pépites de la Greentech française » et surtout d’un accompagnement et du réseau de la French Tech et des acteurs qui gravitent autour. Les secteurs représentés sont variés : alimentation et agriculture durables, décarbonation de l’industrie, prévention des risques, bâtiment et ville durables, eau, biodiversité et biomimétisme, économie circulaire, énergies renouvelables et décarbonées, finance durable & RSE, mobilité durable, santé environnement ou encore numérique éco-responsable.

Le green séduit les investisseurs

Parmi les start-ups labellisées ces dernières années, plusieurs d’entre elles ont récemment levé des fonds. InnovaFeed, créée en 2016 et soutenue depuis ses débuts par l’Etat et l’initiative Greentech, a levé 250 millions d’euros en septembre dernier. Spécialisée dans l’élevage d’insectes à destination de l’alimentation animale et végétale, la jeune pousse souhaite s’appuyer sur ces fonds pour ouvrir une unité de production aux Etats-Unis et se tourner vers le développement de produits destinés à l’alimentation humaine. Une autre greentech, Deepki, basée à Paris et spécialiste du pilotage intelligent des bâtiments, commercialise un logiciel qui agrège des données sur les émissions de CO2 des bâtiments afin de pousser les propriétaires à réduire leur empreinte carbone. Fin mars 2022, elle a levé 150 millions d’euros auprès des fonds Highland Europe et One Peak Partners. Forte de ses 150 salariés et déjà installée en France, au France, en France et en France, la start-up tablait alors sur 200 recrutements en 2022, avant 400 en 2023, selon son co-fondateur et directeur g’néral, Vincent Bryant. Elle possède un portefeuille client varié, incluant notamment des propriétaires de parcs immobiliers tertiaires, investisseurs, banques, compagnies d’assurances ou encore le groupement des Mousquetaires (Intermarché) en France.

Une autre, Lactips, qui fabrique des matériaux thermoplastiques à base de caféine, a inauguré sa première usine début septembre de cette année, à Saint-Paul-en-Jarez (Loire), avec des objectifs de taille : produire jusqu’à 10 000 tonnes grâce aux six lignes de production qui devraient y prendre place. Actuellement, le site de production qui mesure 4 200 m² produit 1 500 tonnes annuelles de ce bioplastique. Lactips, qui vise une rentabilité d’ici 2025, livre déjà plusieurs clients et vient de signer un approvisionnement en granulas avec le Japonais Itochu qui fournit en emballages un très gros acteur local de l’alimentaire – Ajinomoto. Après trois levées de fonds (en 2015, 2018 et 2020) pour un montant porté à 20 millions d’euros, la start-up prévoit de réaliser un nouveau tour de table dans les prochains mois.

Un comité national du numérique responsable lancé en novembre

Lors de cette matinée, Christophe Béchu a mis l’accent sur la décarbonation, point sur lequel le Gouvernement compte renforcer les initiatives. « On doit aussi se préoccuper de l’empreinte carbone du numérique » a-t-il précisé. Pour Jean-Noël Barrot, ministre délégué chargé de la Transition numérique et des Télécommunications, il y a « green for tech » et « tech for green » et l’un ne va pas sans l’autre. Selon lui, « green for tech » s’apparente à « comment rendre plus économe en carbone le numérique ». Citant quelques chiffres à la volée – « 80 % de l’empreinte carbone du numérique réside dans les terminaux et essentiellement dans leur construction, 15 % dans le fonctionnement des datacenters, et le reste dans les réseaux » – il estime que la première des priorités est donc le reconditionnement et l’allongement de la durée des vies des terminaux. Il souhaite faire de ce point la pierre angulaire de son action dans la transition écologique.

Jean-Noël Barrot, ministre délégué chargé de la Transition numérique et des Télécommunications, veut s'attaquer à l'empreinte carbone des terminaux, et privilégier la voie du reconditionnement. (Crédit : Damien Carles/Terra)

En ce sens, le ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires doit lancer ce 14 novembre un comité national sur le numérique responsable afin de mesurer son empreinte, son impact et trouver des solutions pour la réduire. Face à la charge de la planification écologique qui repose sur les épaules de l’Etat, Christophe Béchu, indique que « tous les secteurs doivent se mettre en branle » et le numérique a ici toute sa place. Ce comité, qui devrait se réunir deux fois par an, se tiendra avec divers acteurs, notamment des entreprises spécialisées dans le reconditionnement, pour répondre à l’une des priorités citées précédemment par Jean-Noël Barrot. L’initiative s’inscrit dans le cadre du plan « sobriété énergétique » initié par l’Etat ce 6 octobre 2022. Son objectif à court terme : une réduction de 10 % de la consommation d'énergie d'ici deux ans. Il concerne l'ensemble de la société : État, entreprises, collectivités et particuliers. In fine, « le grand objectif, c’est la neutralité carbone en 2050 » ajoute Jean-Noël Barrot, un objectif qui reste toutefois très ambitieux face à la faiblesse des mesures prises aujourd’hui.