Une enquête menée par Tech In France auprès de 103 éditeurs de logiciels basés dans l'Hexagone montrent que ces entreprises anticipent une baisse de leur chiffre d'affaires total de 12% sur ce 1er semestre 2020 et de 13% au 2ème semestre par rapport à la même période en 2019. Cette baisse qui touche l'ensemble du CA (licences, maintenance, formations, services, conseil) proviendra essentiellement d'une diminution des revenus liés aux nouveaux contrats. Celle-ci va jusqu'à -25% sur le 1er semestre et -23% sur le 2ème semestre. Alors que le revenu récurrent ne devrait reculer que de 2,8% de janvier à fin juin et de 3,8% de juillet à fin décembre.

Dans ce contexte de crise sanitaire, certains clients ont souhaité en effet renégocier leurs contrats ou les interrompre. Ainsi, parmi les éditeurs interrogés, 38% ont reçu des demandes de renégociation et 35% des demandes d’interruption. A cela s’ajoute l’allongement des délais de paiement, d’environ 33 jours en moyenne. « Selon nos estimations plus globales et intégrant l’ensemble du marché, le revenu logiciel (licence, maintenance et support, et abonnement), principal indicateur de l’activité économique des éditeurs, pourrait décroître de plus de 6% en 2020 alors que ce revenu avait enregistré une hausse de 6,6% en 2019 », indique Tech In France dans un communiqué. 

Recours aux aides pour la trésorerie

Pour réduire leurs difficultés de trésorerie, 57% de ces éditeurs ont reporté leurs charges, 46% ont recouru au prêt bancaire garanti par l’Etat et 38% ont demandé une avance sur le crédit impôt recherche. 

13% des entreprises interrogées par Tech In France ont également fait appel à leurs actionnaires pour les aider sur leurs besoins en trésorerie. 

35% des éditeurs interrogés prévoient des coupes budgétaires, ce qui correspond à un total de 13% de leurs dépenses en moyenne. Ce sont d’abord les budgets marketing et communication qui seront touchés, pour près de 60% de ces entreprises, en moyenne réduits de 21%. Le coeur de métier, la R&D, risque aussi de subir une baisse des investissements, mais dans une moindre mesure, seules 23% des entreprises ayant décidé de le faire, souligne Tech In France. Parmi les autres postes potentiellement affectés figurent aussi le recrutement ou les forces de vente, ainsi bien sûr que les frais généraux.

Le processus d'embauche, ralenti pendant le confinement, doit maintenant reprendre pour 59% des éditeurs. (Crédit : Tech In France)

Télétravail : pas d'impact sur la productivité, voire positif

En revanche, sans surprise, les éditeurs de logiciels ont su adapter leur organisation du travail pendant le confinement imposé par la propagation du Covid-19. Il est vrai que de nombreux éditeurs de logiciels fonctionnent déjà avec des équipes en télétravail, parfois dans de fortes proportions et quelquefois répartis dans différentes régions ou pays. En moyenne, 98% des effectifs des éditeurs interrogés ont télétravaillé, plus de 60% de ces sociétés ne constatant aucun impact négatif sur la productivité, voire même, pour 8% d’entre eux, une légère hausse. Et pourtant, 38% ont recouru à des outils qu’ils n’utilisaient pas jusque-là. Le chômage partiel a été utilisé dans 13% des entreprises qui ont par ailleurs été 54% à demander à leurs salariés de prendre des congés pendant le confinement.

Le retour dans les bureaux va se faire progressivement entre mai et juin, à 70% sur la base du volontariat, et à 50% selon les fonctions des collaborateurs. L’enquête de Tech In France précise tout de même que la façon dont les éditeurs sont touchés dépend du marché sur lequel ils évoluent (logiciels indispensables à l’activité ou pas, solutions en SaaS ou on-premise par exemple) ainsi que la façon dont les secteurs d’activité sur lesquels évoluent leurs propres clients sont affectés par la crise sanitaire.