« L’entreprise de demain sera éthique ou ne sera pas ! », affirmait Jacques Benoît, en ouverture du colloque organisé le 13 novembre dernier pour les dix ans de l’Union des grandes écoles indépendantes (UGEI). Le thème retenu ? L’entreprise socialement responsable. Pour l’ex-président élu par ses salariés de Jacques Benoît SA, venu relater son expérience devant près de huit cent invités (élèves ingénieurs, professeurs et chefs d’entreprise), « la légitimité du pouvoir du chef d’entreprise est surtout lié à d’adhésion des salariés, qui sont la vraie valeur de l’entreprise », estime-t-il. Un témoignage qui aura certainement séduit les futurs diplômés des écoles de l’UGEI, interrogés pour l’occasion sur leur vision de l’entreprise et leurs aspirations professionnelles (2500 réponses recueillies sur 3000 questionnaires distribués). Premier constat : l’optimisme domine quant à l’entrée sur le marché du travail pour plus de 80% des sondés. La mobilité va de soit, 91% d’entre eux pensant faire carrière dans plusieurs entreprises. Celles-ci devront d’abord proposer un bon esprit d’équipe (43%), et faire preuve de compétence (40,5) et de créativité (30%). Plus de la moitié des étudiants estiment que l’aspect « socialement responsable » sera déterminant. Le respect avant tout Il faut dire que ces étudiants, qui ont se sont déjà tous frottés au monde professionnel lors de leurs stages, pensent à 63% que les entreprises sont peu à l’écoute de leurs employés. Et ils attendent avant tout de leurs futurs dirigeants du respect (59% des personnes interrogées), un esprit d’ouverture (43%) et de la réceptivité (31%), avant le charisme et les qualités de meneur d’hommes. Les trois quarts de ces étudiants comptent enfin sur l’entreprise pour développer leur employabilité, 15% seulement estimant que cela relève de leur responsabilité propre. Autant d’attentes que se sont pourtant empressés de tempérer les différents intervenants du colloque. La flexibilité accrue sur l’emploi réclamé par le Syntec a, du reste, fait l’objet d’une question du public étudiant. Mais pour Ivan Pacaud, directeur du cabinet CLP Associés, c’est la réalité du marché, l’univers des SSII étant particulièrement difficile. « Les ingénieurs doivent cesser de considérer leur diplôme comme un sésame », insiste-t-il. Un avis partagé par Yves Lucas, anciennement chez Alcatel et vice-président exécutif du groupe LeBlanc (infrastructures de télécoms) qui prône le pragmatisme et la mise en veilleuse de certains idéaux « dans un monde dangereux où tous les coups sont permis ». Les managers présents estimant enfin que les futurs ingénieurs devront songer eux-mêmes à rester compétitifs sur le marché du travail et prendre en main leur carrière. De sages conseils destinés à la relève, qui, pour l’heure et dans sa grande majorité, attend également des écoles qu’elles l’initient à une approche éthique de l’entreprise. * Créée en 1993, L’UGEI regroupe actuellement treize écoles d’ingénieurs, dont l’ECE, l’EFREI, l’EISTI, l’EPF, l’ESIEA etc., et trois écoles de management, représentant 40% des grandes écoles indépendantes en France (soit près de 15000 étudiants et 100000 diplômés en activité). Plus sur le Web : www.ugei.org