Le taux journalier moyen, TJM, est l'indicateur clé des SSII. Celui qui mesure leur efficacité et la bonne utilisation de leurs ressources humaines (*). Selon le cabinet Pierre Audoin Consultants, PAC, qui publie son observatoire annuel sur ce sujet, ce TJM marque une légère augmentation, de 0,5% en 2012 (**) par rapport à 2011. Ce sera la même augmentation en 2013. Pas de quoi pavoiser.

L'élément saillant de cette étude est moins le taux d'augmentation, très faible, que son maintien sur deux années, ce qui montre une situation très difficile et donc la nécessité pour les entreprises du numérique de « tenir ».  « En 35 ans d'études menées par PAC, je n'ai jamais vu autant de fébrilité, de fragilité dans le secteur, note Arnold Aumasson, senior vice-président business de PAC.

L'évolution du TJM est variable selon les secteurs estime PAC. En « application management », l'augmentation se monte à 1,6%, en consulting à 1,8%. La progression de l'application management traduit l'obsolescence des parcs applicatifs, des parcs « trop disparate et trop couteux », les entreprises vont de plus en plus externaliser et recourir à la TMA.  D'autres marchés montrent des évolutions plus modérées : le testing, +0,8%, le project management, +0,6%, le développement, +0,4%, l'implémentation, +0,3%. La partie infrastructures-services-desktop est étale.

Un enjeu clef pour le redémarrage des SSII 

Ces TJM sont depuis des années un enjeu clé pour le redémarrage de l'activité des SSII (nommées aujourd'hui ESN), le Syntec  Numérique milite pour la revalorisation des prix donc de ses prestations par ses clients DSI. La crise le contredit encore, mais la situation ne peut plus durer ainsi.

« Il n'y aura plus de croissance à 7 ou 8% pour le secteur, telle qu'on l'a connue il y a quelques années, souligne Arnold Aumasson. « Même si la demande reprend, les prix et la valeur seront en décroissance ». Les SSII sont donc dans une impasse, confrontées à une reprise très faible et qui ne se traduit pas dans les prix.

En fait, leur clients DSI sont obligées de redémarrer certains projets. « Les DSI ne peuvent clairement plus attendre. Mais ce qui m'a frappé dans nos entretiens avec ces grands clients c'est qu'ils se voient obligés de redémarrer leurs projets sans avoir les budgets pour le faire. Trois explications sont possibles : la rationalisation des projets et des budgets, c'est déjà fait, la rationalisation des fournisseurs, et enfin, l'utilisation des stratégies alternatives, par exemple au lieu de la BI traditionnelle, on fait de la BI en SaaS. »

(*) c'est le rapport entre le montant facturé par la SSII à son client et le nombre de jours hommes facturés à celui-ci par la SSII.

(**) PAC a interrogé 150 utilisateurs et SSII , une étude menée depuis dix ans.