Après HP et Dell, Lenovo teste actuellement un serveur NextScale animé par des puces ARM 64-bits pour fournir une solution plus économe en énergie que les systèmes x86 qui équipent déjà les datacenters. L'hébergeur Online.net, par exemple, exploite déjà des serveurs dotés de puces ARMv7 - 32 bits donc - fournies par Marvell. Il y a en effet un intérêt croissant pour les serveurs de ce type afin de baisser les coûts d'exploitation notamment pour les services cloud comme la messagerie ou le partage de fichiers.

Lenovo travaille sur son projet de serveur ARM avec le concours du Science and Technology Facilities Council au Royaume-Uni. Il s'agit avant tout de s'assurer que le serveur est bien capable de monter en charge tout en conserver une empreinte énergétique réduite. De faible puissance - par rapport aux processeurs x86 - les puces ARM sont utilisées dans la plupart des smartphones et tablettes, et les fabricants de serveurs espèrent qu'ils réussiront à apporter plus d'efficacité pour une moindre consommation électrique. Les serveurs x86 équipant les centres de calcul montent régulièrement en puissance avec la multiplication des coeurs (jusqu'à 18 avec le dernier Intel Xeon E5) et gèrent de plus en plus de charges de travail grâce à la virtualisation, mais leur coût d'exploitation annuels est devenu un poids très important pour les entreprises, notamment celles de l'Internet. Des firmes comme Facebook ou Google qui gèrent d'énormes datacenters un peu partout dans le monde sont aujourd'hui très intéressées par les solutions ARM afin de réduire leurs factures d'électricité.

Une base héritée d'IBM

Lenovo teste des processeurs ARM 64 bits dans un serveur NextScale, développé à l'origine par IBM et tombé dans l'escarcelle du constructeur chinois après le rachat de la division System X de big blue. Le NextScale, qui repose - comme le Moonshot de HP - sur des mini-cartes serveurs, a été développé fin 2013 autour de processeurs x86 basse consommation, mais il a ensuite été équipé d'un système de refroidissement liquide pour accueillir des puces Intel Xeon. Le but de ce serveur ARM prototype est de valider le coût à l'usage en mesurant les performances-par-dollar et les performances-par- watt par rapport aux machines traditionnelles aujourd'hui déployées dans les datacenters, a expliqué Doug Augustin, un des porte-paroles de Lenovo, à un de nos confrères d'IDG NS.


La mini-carte ThunderX de Cavium intègre une puce ARM avec 48 coeurs à 2,5 GHz.

Le serveur NextScale sur base ARM est optimisé pour des utilisations spécifiques comme la recherche web, la mise en cache et les services cloud, selon M. Augustin. Le NextScale peut accueillir jusqu'à 12 mini-cartes serveurs avec des puces ARM (1 152 coeurs au total). Lenovo utilise une carte fille ThunderX de Cavium, qui intégre une puce ARM avec 48 coeurs à 2,5 GHz ainsi que les composants Ethernet, RAM et d'entrée/sortie. Outre Cavium, AppliedMicro, AMD, Broadcom, Texas Instruments et d'autres fournissent également des puces pour serveurs ARM à d'autres constructeurs. Qualcomm est également attendu sur ce marché.

L'écosystème ARM peine à décoller

Lenovo qui ne vend aujourd'hui que des serveurs équipés de puces Intel x86 d'Intel, ne considère pas les machines ARM comme une marché à haut volume pour le moment, selon M. Augustin. Intel détient aujourd'hui plus de 90% des parts de marché dans les serveurs, et même son concurrent AMD, qui avait racheté SeaMicro il y a 2 ans, a admis qu'il faudra encore plusieurs années avant l'arrivée de serveurs ARM dans les datacenters. SeaMicro serait d'ailleurs à vendre et AT&T serait sur les rangs.

La multiplication des serveurs ARM dans les entreprises ne pourra vraiment démarré que quand l'écosystème logiciel sera sur les rails. OS, hyperviseurs, compilateurs, optimiseurs de performance, systèmes de fichiers... les choses commencent tout juste à être mis en place. De nombreuses applications Linux sont déjà compatibles avec les puces ARM pour serveurs et Oracle supporte déjà Java sur cette architecture. Et une rumeur persistante indique que Microsoft travaille bien sur une version de Windows Server pour ARM.