La filière cybersécurité a plus que jamais besoin de profils compétents, qu’il s’agisse d’hommes ou de femmes. Faisant le constat d’un milieu majoritairement masculin, Charlotte Wojcik, responsable de la partie sujet sensible et cyberdéfense dans le secteur public au sein de Capgemini, souhaite féminiser la filière. En novembre 2020, cette dernière lance une initiative en faveur des jeunes femmes pour les former aux métiers cyber et les aider à intégrer l’écosystème français. Les dix candidates sélectionnées pour le programme d’un an sont issues d’écoles membres du Pôle d’excellence cyber (PEC). Deux types de profils se démarquent : l’un tourné vers les sciences sociales pour celles qui viennent de l'institut français de géopolitique (IFG) et l’autre, plus technique, tourné vers les domaines du numérique et de l’ingénierie.

« J'ai créé ce programme qui repose sur quatre points : tout d’abord un système de parrainage et marrainage » précise Charlotte Wojcik. Chacune des cadettes est parrainée par des noms bien connus de la filière : Michel Van Den Berghe (président du Campus Cyber), Lionel Morin (directeur de centre DGA/MI), Bruno Marescaux (chargé de mission auprès du Délégué Général de l’Armement), le général Didier Tisseyre (commandant de la cyberdéfense des armées), Arnaud Coustillière (président du Pôle Excellence Cyber), Frédéric Valette (chargé de mission cyber au sein de la DGA), Pierre Jeanne (vice-président cybersécurité, technologies & solutions chez Thales), Hélène Chinal (responsable de la transformation Europe centrale et du Sud chez Capgemini), Guillaume Poupard (directeur de l'Anssi) et enfin Elena Poincet (PDG et cofondatrice de la start-up Tehtris). « Ce sont des pointures dans le milieu, je suis très contente qu’ils aient accepté cette initiative » ajoute Charlotte Wojcik.

La formation, un point essentiel

La première promotion – parrainée par la ministre des Armées, Florence Parly, a débuté en octobre 2021 avec 10 cadettes, âgées de 21 à 26 ans. Ces dernières sont actuellement en master 2 dans l’une des écoles membres du PEC et sont pour la plupart en stage de fin d’études. Elles participent donc au programme Cadettes de la cyber en complément de leur formation actuelle. Ce réseau d’entraide, comme le qualifie Charlotte Wojcik, leur permet d’accéder à des formations supplémentaires au-delà des cours qu’elles suivent déjà mais rien n’est obligatoire. « On propose un socle de formation aussi bien technique que sciences politiques pour que chacune y trouve son compte » précise-t-elle, ajoutant que des formations en management sont également proposées.

De facto, ces jeunes femmes sont déjà plus ou moins insérées dans le monde professionnel et certaines ont déjà un poste promis dès la fin de leur stage, précise la fondatrice. « Certaines iront ainsi chez Orange, Sopra Steria ou encore Thales. Avec leurs parrains et marraines, elles vont acquérir un très large réseau » indique-t-elle. Ces cadettes sont par ailleurs plongées dans l’univers cyber régulièrement en participant aux différents événements comme le FIC, le Risk Summit, les Assises de la cybersécurité, l’inauguration du Campus Cyber et bien d’autres.

Une volonté de démocratiser la filière cyber

« Un autre objectif de ce programme est de sensibiliser les plus jeunes, notre cœur de cible vise les 14-25 ans » poursuit la fondatrice du programme. « Nous avons bâti toute une stratégie de communication pour toucher cette cible, notamment par des canaux de communication qui leur sont propres, à savoir Instagram ou TikTok ». Les jeunes femmes sensibilisent ainsi d’autres jeunes, filles et garçons, sur les réseaux sociaux à la question de la cybersécurité. Des sessions de sensibilisation sont aussi mises en place dans les collèges et lycées, pour faire la promotion de ce secteur en plein essor.

« Elles sont les d'ambassadrices du programme, ce sont elles qui doivent porter ce programme in fine et j'aimerais que cela puisse être auto-alimenté. L’objectif est qu’elles arrivent à faire vivre ce programme par elles-mêmes ». Charlotte Wojcik se veut rassurante, « elles sont jeunes, nous faisons attention, nous leur faisons des livrets pour savoir comment se comporter sur les réseaux notamment ». Sur le plan de la formation, la fondatrice explique vouloir doubler la durée du programme, passant de 1 à 2 ans, mais toujours avec dix cadettes.