Les compétences logicielles sont appelées à jouer un rôle important dans le programme de formation en ingénierie réseau de Cisco. Le fournisseur a lancé une nouvelle voie de certification axée sur le codage, tout en remaniant en profondeur ses certifications existantes pour tenir compte des réseaux définis par logiciel (SDN), de l'automatisation, de l'Internet des objets et d'autres technologies qui modifient les exigences des professionnels actuels du secteur.  

« Ils n'essaient pas de transformer les spécialistes du réseau en développeurs, mais certainement de nous faciliter la tâche », explique Dan Groscost, architecte en solutions chez Computer Design & Integration, une société de services informatiques new-yorkaise. L'homme est certifié CCNP (Certified Network Professional) et finalise l'obtention de la certification CCIE (Cisco Certified Internetwork Expert) sur les routeurs et les commutateurs de la marque.

Lancement en février 2020 

L'employeur de Dan Groscost souhaiterait qu'il obtienne une certification Cisco DevNet, d'autant que les clients parlent de plus en plus souvent d'automatisation. Avant que les nouvelles certifications ne soient disponibles (le 24 février 2020), l'architecte s'est « fait la main » en regardant des vidéos de formation et du contenu sur le langage de script et d'autres compétences pertinentes. « Je ne suis pas du tout un spécialiste de l'automatisation, mais quand je parle à un client, j'aime comprendre ce que je peux faire pour l'aider », dit-il.

Dan Groscost pense que les changements apportés aux certifications de Cisco aideront l'industrie en validant les compétences en réseau et en développement, en donnant du crédit aux professionnels pour les compétences acquises, et en faisant peut-être augmenter les salaires de ceux qui obtiennent ces certifications. « Cela va aussi aider à faire un tri dans les candidatures pour le DevOps, puisque les entreprises auront un point de référence pour mesurer les compétences », ajoute M. Groscost.

Un focus autour du développement et de l'automatisation 

La certification DevNet se concentre sur le codage, l'automatisation, le développement d'applications sur les plates-formes Cisco, et ce que les développeurs doivent savoir sur les bases du réseau. DevNet Associé, par exemple, couvre la compréhension et l'utilisation des API, le développement et la conception de logiciels, le déploiement et la sécurité des applications, l'infrastructure et l'automatisation, ainsi que les bases du réseau. Cisco a aussi intégré davantage de formation en programmation et en automatisation dans son programme d'ingénierie traditionnel. Le fournisseur a également rationalisé le fonctionnement de ses quatre principaux niveaux de certification : Associé, Spécialiste, Professionnel et Expert. 

À l'avenir, il y aura moins de tests nécessaires pour achever des formations spécifiques. Par exemple, Il n'y aura plus différentes voies d'accès à la certification CCNA (Cisco Certified Network Associate). De multiples éléments - réseau sans fil, sécurité, routage et commutation, et concepts d'automatisation des réseaux - seront largement couverts dans le but de consolider les compétences et les connaissances les plus pertinentes de l'industrie en un seul examen. De plus, Cisco éliminera les conditions préalables de certifications aux niveaux Associé et Professionnel, afin que les candidats puissent commencer au niveau qu'ils souhaitent sans avoir à prendre un parcours prédéfini.  

Combler les lacunes du programme existant 

« Ce que nous devions faire chez Cisco était de nous assurer d'avoir un ensemble de certifications en rapport avec les connaissances dont les professionnels des réseaux et les développeurs ont besoin », explique Mike Adams, vice-président et directeur général de Learning@Cisco. Derek Winchester, CEO de Gotcha-6 Technologies et membre du conseil consultatif du programme CCIE, est optimiste quant au potentiel des dernières certifications. A tel point qu'il entend être l'un des premiers à obtenir la certification DevNet Professional après l'ouverture des tests en février. Par la suite, tout au long de l'année prochaine, il prévoit de recevoir autant de cartes de spécialiste que possible. Au bout du compte, il espère obtenir la désignation DevNet Expert lorsqu'elle sera disponible (aucune date n'a encore été fixée). 

Derek Winchester est enthousiaste à l'idée de voir du changement dans l'industrie et l'élimination des silos technologiques. « Auparavant, un service informatique pouvait avoir quatre ou cinq prestations dans son catalogue, et chaque membre de l'équipe était responsable d'un service - un ratio d'un pour un pour les commutateurs, les serveurs, le stockage, etc. Aujourd'hui, un employé à temps plein peut être responsable de 20 services », explique-t-il. Selon lui, l'automatisation est le seul moyen pour une personne de gérer autant d'éléments à la fois. Une plus grande importance accordée au codage et à l'automatisation aidera à combler les lacunes existantes dans le programme de certification de Cisco, estime-t-il également. « Je crois fermement qu'il sera nécessaire que DevNet soit une certification obligatoire à l'avenir. Mais d'ici là, je suis heureux que les programmes CCIE, CCNP et CCNA aient adopté les principes de DevNet »

Utilité des formations même sans certifications à la clé

Ken Partridge, ingénieur principal chez Western Telematic, dit qu'il est le « modèle parfait » des certifications DevNet : « Je peux faire une table de routage si j'en ai besoin, mais pas beaucoup plus. » Western Telematic conçoit et fabrique des équipements pour la gestion d'infrastructures à distance. Ses clients se sont tournés vers l'entreprise pour obtenir de l'aide en matière d'automatisation. Ken Partridge, qui dit être un développeur C traditionnel, utilise la communauté DevNet et les ressources en ligne de Cisco, y compris les vidéos et la documentation, pour se mettre à jour sur Ansible et les scripts en Python. Il a été capable de générer des API RESTful qui se connectent aux appareils de Western Telematic et arrêtent automatiquement une unité si sa température dépasse 100 degrés. Cisco lui a décerné son prix DevNet Creator pour ses efforts d'automatisation. Bien que Partridge n'ait pas l'intention de demander la certification lorsque les certifications DevNet seront disponibles, il compte utiliser les ressources de formation connexes pour améliorer ses compétences.  

Andy Grosser, architecte réseau dans une grande entreprise de Boston, a quelques certifications Cisco à son actif, mais n'envisage pas d'en obtenir d'autres. Sa première certification, la CCNA, lui a été délivrée tôt dans sa carrière et lui a permis d'accéder à de meilleurs emploi et salaire. Il a ensuite payé la certification CCNP de sa poche, pensant obtenir les mêmes résultats. Mais ses responsables de l'époque ne se souciaient pas des certifications, « ils voulaient juste savoir si je pouvais faire mon travail », indique-t-il. Le Cisco Certified Design Architect est la dernière certification qu'Andy Grosser a obtenue. « Si mon entreprise actuelle se concentrait uniquement sur les technologies de la prochaine génération, je me pencherais peut-être sur [les nouvelles certifications], mais ce n'est pas le cas », précise-t-il. Au lieu de cela, Grosser utilise la documentation de Cisco et d'autres ressources en ligne pour apprendre par lui-même ce qu'il doit savoir.

Des formations pertinentes ? 

Le scepticisme quant à la valeur des certifications est un problème constant pour Cisco et d'autres entreprises de technologie. Lors du Cisco Live, Jeff McLaughlin, ingénieur principal en marketing technique chez Cisco, a fait référence au débat autour des certifications et à la pertinence des compétences réseau traditionnelles dans l'ère actuelle du RPS. Sa conclusion : les principes fondamentaux du réseau seront toujours essentiels, peu importe le degré d'automatisation de l'infrastructure. Par analogie, M. McLaughlin a fait remarquer que, même si un vol en avion est en grande partie automatisé, les passagers veulent toujours un pilote bien formé aux commandes qui puisse piloter un avion sans automatisation.  

« Nous ne disons pas qu'un certifié CCIE doit savoir taper autant de lignes de code qu'un développeur. Nous allons plutôt leur permettre de valider la façon d'utiliser cette technologie logicielle qui est si accessible et importante pour leur carrière », conclut Mike Adams, de Learning@Cisco. « En fin de compte, les compétences logicielles permettent une intégration plus rapide du réseau dans l'entreprise. »