Dans cette période post-Covid 19, les DSI d'entreprise consomment une quantité de plus en plus conséquente de services cloud avancés. Depuis la pandémie, le cloud est passé d'un simple service d'infrastructure de calcul et de stockage, qui a sauvé l'économie d'un effondrement mondial, à celui d'une plate-forme beaucoup plus complexe, capable de prendre en charge un nouveau type d'applications avancées et perçue par les DSI comme un moteur d'innovation de nouvelle génération. « Historiquement, le déploiement du cloud par les entreprises avait une motivation tactique, pour consolider les datacenters par exemple, alors qu'aujourd'hui les entreprises considèrent le cloud comme une plateforme hautement stratégique pour leurs besoins de transformation numérique », observe Sid Nag, vice-président et analyste chez Gartner, ajoutant que le cloud est désormais le fondement de toutes les transformations numériques.

Dans cette époque post-pandémie, les DSI, CTO et les spécialistes des données ont exploité tellement de couches du cloud qu'on n'en finirait pas de dresser la liste de tous les avantages métiers obtenus. Les quelques exemples suivants donnent une bonne idée de la manière dont les entreprises de différents secteurs tirent aujourd'hui le meilleur parti du cloud.

La plate-forme cloud de McDermott alimente de nouvelles sources de revenus

Quand un géant de la construction de plates-formes pétrolières offshore et d'installations de gaz naturel liquéfié (GNL) investit massivement dans la construction de structures et de produits durables à faible empreinte carbone, le changement est clairement radical. Pour le constructeur McDermott International, cette transformation a été portée par l'adoption du cloud, où les données massives et les services d'analyse ont non seulement permis à l'entreprise de construire ses plates-formes et ses GNL de manière plus durable et plus efficace, mais aussi de transformer ces plans en produits pour les partenaires, offrant ainsi de nouvelles opportunités commerciales à l'entreprise. « Ces produits ont été conçus pour un usage interne, mais dorénavant, nous avons des clients qui réclament ces logiciels, qui sont donc devenus une source de revenus pour nous », explique Vagesh Dave, DSI de McDermott. Ce dernier fait aussi remarquer que cette évolution interne vers la durabilité permet aussi aux clients du groupe de renoncer à l'essence. « Désormais, quand les ingénieurs conçoivent une plateforme pétrolière ou une installation de GNL, ils peuvent effectivement en choisir une avec une empreinte carbone plus faible », ajoute le DSI.

Selon Vagesh Dave, les avancées IT du cloud et des services connexes ont fait de McDermott - et de tout son secteur - des moteurs d'innovation. De plus, les applications analytiques de la plateforme de données dans le cloud de McDermott fournissent à l'entreprise des informations clés sur les tendances commerciales et les changements en temps réel dans sa chaîne d'approvisionnement. « Si l'on prend l'exemple d'une grosse expédition en provenance d'Italie, et que l'on regarde les dépendances de la supply chain, les données permettent de prédire un pic à tel ou tel endroit », explique le DSI, ajoutant que ces informations sont très précieuses pour les clients de McDermott. McDermott utilise également l'IA et l'analyse visuelle pour détecter les configurations incorrectes ou les défauts dans ses conceptions, et le groupe entraîne des modèles d'IA pour analyser les offres des fournisseurs en fonction de conditions prédéfinies. « De telles automatisations pourraient apporter à McDermott un important gain de productivité », estime le DSI de McDermott.

Liberty Mutual accélère la science des données dans le cloud

Liberty Mutual est l'une des entreprises américaines les plus avancées dans l'adoption du cloud, et l'assureur le doit en grande partie aux anticipations de son DSI James McGlennon, qui a mis en place une infrastructure de cloud hybride robuste reposant principalement sur Amazon Web Services, mais avec des utilisations spécifiques de Microsoft Azure et, dans une moindre mesure, de Google Cloud Platform. L'infrastructure cloud de Liberty Mutual exécute un ensemble d'applications métiers et de tableaux de bord analytiques qui fournissent des informations et des prévisions en temps réel, ainsi que des modèles d'apprentissage machine qui rationalisent le traitement des sinistres. Selon James McGlennon, « De fait, 60 % des charges de travail globales de l'assureur sont exécutées dans le cloud, ce qui permet de réaliser des économies importantes sur l'achat de matériel et de logiciels, mais le gros avantage réside dans la connaissance métier fournie par les applications analytiques, d'une valeur incommensurable ».

« Les data scientists de Liberty Mutual utilisent abondamment Tableau et Python pour déployer des modèles en production. Pour accélérer ce processus, l'équipe technique a créé un pipeline d'API, appelé Runway, qui regroupe les modèles et les déploie en Python, au lieu de demander aux spécialistes des données de l'entreprise de les reconstruire en Java ou dans un autre langage », indique James McGlennon. « Il est essentiel que nous puissions déployer rapidement des modèles sans avoir à les reconstruire dans une autre plateforme ou un autre langage. Et il est tout aussi essentiel de pouvoir suivre l'efficacité de ces modèles d'apprentissage machine de façon à les réentraîner si les ensembles de données changent, comme c'est souvent le cas », ajoute le DSI de Liberty Mutual.

Par exemple, l'assureur utilise Amazon Sage Maker et Python pour construire des modèles d'apprentissage machine. L'équipe IT de Liberty Mutual a également créé un ensemble de composants appelé Cortex pour permettre à ses data scientists d'instancier les stations de travail dont ils ont besoin pour construire un nouveau modèle « afin que le data scientist n'ait pas à se préoccuper de construire l'infrastructure pour démarrer le processus de modélisation », souligne James McGlennon. « Avec Cortex, les data scientists de Liberty Mutual peuvent simplement définir leurs exigences techniques et leurs exigences en matière d'ensemble de données, et une station de travail pour la modélisation sera créée sur AWS, avec les bonnes données, les bons outils et un environnement bien dimensionné en termes de GPU », illustre James McGlennon. Le DSI ajoute qu'il se concentre aussi sur les technologies qui définiront la prochaine génération d'applications basées sur le cloud, notamment les dispositifs et capteurs IoT qui, associés aux modèles de vision par ordinateur basés sur le cloud de l'assureur, pourraient contribuer à générer davantage de données pour les demandes d'indemnisation de ses clients.

Koch Industries adopte un réseau multicloud

Pour tout DSI, l'intégration d'un nouveau réseau après une acquisition peut devenir un casse-tête. Mais pour Koch Industries, un conglomérat mondial de 125 milliards de dollars qui a acquis cinq sociétés en deux ans, connecter les réseaux de ces acquisitions à son propre réseau tentaculaire a été un défi bien plus conséquent. « En général, pour intégrer ses acquisitions, Koch mettait à plat le réseau central de l'entreprise qu'il avait racheté », confie Matt Hoag, directeur technique des solutions d'entreprise chez Koch. « Même si cette approche facilite la connexion du réseau, la tâche est lente et ardue, et elle devient de plus en plus complexe à mesure de l'acquisition d'entreprises », ajoute le CTO. « Les déploiements cloud se présentent généralement sous la forme de comptes multiples, sans oublier la nécessité de connecter plusieurs segments de réseaux locaux. Cela englobe non seulement les machines virtuelles, mais aussi de nombreux autres services offerts par le fournisseur de cloud », détaille le directeur technique.

Les principales tâches à accomplir vont du déploiement du routage IP de base à l'établissement de connexions entre charges de travail virtuelles au sein d'un cloud multi-tenant, en passant par la connexion de plusieurs clouds et la garantie que les utilisateurs distants peuvent se connecter au domaine cloud de l'entreprise. C'est le genre de défi que peu d'entreprises, voire aucune, peuvent relever aujourd'hui sans partenaires. Pour cela, Matt Hoag a donc fait appel à son partenaire Alkira, car « l'usage d'une plate-forme tierce pour gérer l'abstraction du réseau sous forme de service logiciel peut réduire considérablement la complexité pour sa propre équipe IT », explique le CTO. « Les réseaux hybrides et multiclouds, comme ceux de Koch, représentent le prochain niveau de maturité du cloud », pointe pour sa part Brad Casemore, analyste chez IDC, ajoutant que c'est un domaine dans lequel la plupart des entreprises sont terriblement en retard. « Si les infrastructures de calcul et de stockage se sont largement alignées sur les principes du cloud et sur les besoins des environnements multiclouds, le réseau n'a pas suivi le rythme. Il ne fait cependant aucun doute que les réseaux hybrides et multiclouds représentent le prochain niveau de maturité du cloud », affirme Brad Casemore. Selon lui, « c'est un domaine dans lequel la plupart des entreprises sont encore en retard, mais dans lequel elles évolueront probablement à mesure que leurs infrastructures numériques arriveront à maturité ».

National Grid s'appuie sur le cloud pour devenir un « service connecté à l'intelligence »

C'est en grande partie sur le cloud que reposent les efforts de digitalisation de National Grid. Et selon Adriana « Andi » Karaboutis, DSI monde du géant de l'énergie, cette stratégie est conforme à l'objectif principal de National Grid : construire un « service connecté intelligent ». Adriana Karaboutis est l'architecte en chef de la transformation numérique de la multinationale britannique, menée à la fois au Royaume-Uni ainsi qu'à New York et en Nouvelle-Angleterre. Elle travaille également avec les deux gouvernements pour renforcer la cybersécurité de plusieurs réseaux électriques de l'OTAN. « C'est l'un des emplois les plus stressants, mais aussi les plus stimulants, que de sécuriser et de transformer les infrastructures nationales essentielles », confie Adriana Karaboutis, qui se réjouit de jouer un rôle non seulement dans la sécurisation des réseaux contre les cyberattaques, mais aussi dans la transformation du réseau énergétique mondial, à une époque où des progrès technologiques grandioses peuvent ralentir le changement climatique.

« Et le cloud est essentiel pour atteindre ces objectifs », affirme la DSI. National Grid est un gros client du cloud Microsoft Azure et utilise de façon intensive les outils avancés d'analyse de données, de cybersécurité et d'IA du fournisseur. Par exemple, National Grid applique les algorithmes d'apprentissage machine (ML) de Microsoft pour optimiser l'effort de gestion de la végétation, dans le cadre du projet « Copperleaf » qui établit des plans pour prévenir les incendies et autres catastrophes. « Nous utilisons également les technologies géospatiales de concert avec l'intelligence artificielle d'Azure pour prendre les bonnes décisions concernant l'entretien des câbles sous-marins ainsi que pour prendre des décisions de routage et d'investissement », ajoute la DSI.

Le fournisseur d'électricité étudie par ailleurs des solutions de déploiement d'algorithmes de machine learning pour mieux gérer les coupures d'électricité qui se produisent encore lors de pics de consommation, comme lors des coupures publicitaires de la Coupe du monde ou des mariages de têtes couronnées. Toutes les données ne seront pas migrées hors sites - seulement les données dont le traitement dans le cloud se justifie », indique la DSI monde de National Grid. « C'est très précisément ce que j'appelle la densité du cloud. Tous nos investissements sont axés sur la valeur. Et souvent, il ne s'agit pas d'un retour sur investissement pur et simple ou d'économies de coûts, mais de la suppression de coûts cachés et de coûts partagés sur la gestion de la dette technique, comme le fait de ne pas avoir à effectuer de mises à niveau. Il s'agit d'une sécurité accrue pour l'État. Il s'agit de la gestion de la capacité et de la résilience. C'est par l'ensemble de ces éléments que nous mesurons la valeur du passage au cloud », souligne Adriana Karaboutis.