La pénurie de compétences autour des données est un constat connu. Corinne Dajon, DSI d'AG2R La Mondiale et vice-présidente du Cigref, l'a récemment rappelé pendant son intervention sur les talents, lors de l'assemblée générale de l'association, le 12 octobre. Une étude réalisée par l'institut YouGov pour le compte d'Alteryx, réalisée auprès de 1011 dirigeants et travailleurs de la donnée français, vient mettre en lumière plusieurs causes et conséquences de cette pénurie.

Selon cette enquête, plus d'un chef d'entreprise sur quatre (44%) estime que son organisation va prendre du retard par rapport à la concurrence en raison d'un manque de compétences data. 31% se disent même dépassés par l'effort d'apprentissage nécessaire pour pouvoir affiner et exploiter les données. Près des deux tiers de ces dirigeants admettent qu'ils doivent mettre en place des actions de perfectionnement, mais cette prise de conscience peine à se concrétiser. Paradoxalement, alors que la demande de spécialistes données sur le marché grimpe en flèche, plus de la moitié des dirigeants pensent que leurs besoins en compétences data ne vont que peu évoluer dans les cinq ans à venir.

Le management doit donner l'impulsion

Cet attentisme des dirigeants se reflète sur les collaborateurs. Faute de priorités clairement définies, 43% des travailleurs du secteur de la donnée ne parviennent pas à dégager le temps nécessaire pour se perfectionner, pris par leurs tâches quotidiennes. Près d'un travailleur sur cinq (18%) ne sait d'ailleurs pas par où commencer pour se former, et près d'un quart (24%) n'ont même jamais reçu de formation en matière de données. La moitié n'ont pas accès à des spécialistes ou à des mentors en matière de données, tandis que 47% manquent de soutien de la part de la direction.

Pourtant, la motivation est bien présente, avec 64% des répondants qui souhaitent étendre leurs compétences. Mais 9% seulement ont commencé à se perfectionner sur les données, et 5% ont terminé de se former, révélant l'urgence d'accélérer les efforts. Autre constat ennuyeux, pour 39% des travailleurs de la donnée, les actions entreprises pour se perfectionner ne débouchent pas sur des augmentations de salaire. De ce fait, 27% seulement sont motivés pour se former durant leur temps libre. Les entreprises doivent donc veiller à mieux encourager la montée en compétences, en rendant celle-ci attractive sur le plan salarial comme en termes de carrière. Et pour 62% des sondés, l'amélioration des compétences relève de la responsabilité des chefs d'entreprise, 12% seulement pensant que cette responsabilité devrait incomber aux RH.