Malgré des initiatives cherchant à augmenter leur présence, en France les filles sont peu présentes dans les filières scientifiques. Ce phénomène s’est même aggravé depuis la réforme du bac général menée par l'ancien ministre de l'Éducation nationale Jean-Michel Blanquer. C’est le constat du collectif Maths&Sciences dans une note analysant l’évolution de la répartition des filles qui suivent un cursus scientifique en terminale depuis 2019. Collectées avec le soutien de Numeum et Talents du Numérique, les données font en effet état d’une diminution inédite de la part des filles dans tous les parcours scientifiques. Des chiffres en rupture avec les signes positifs des dernières décennies dans ce domaine. Ainsi, en classe de terminale, le nombre de filles à profil scientifique est passé de 94 522 en 2019 à 67 890 en 2021, soit une baisse de 28%. Le repli est brutal lorsqu’on associe un enseignement de mathématiques de 6h ou plus par semaine : l’effectif des garçons diminue de 37%, et celui des filles de 61%. 

Le nombre de filles à profil scientifique suivant 6h de maths ou plus par semaine baisse de 61% depuis la réforme. Source: Maths&Sciences. Crédit photo: Maths&Sciences)

Des modifications de la réforme pointées du doigt

Des plus en terminale en 1994, il y avait 40,2% de filles suivant un parcours en sciences. En 2021, il n’y en avait plus que 35,7% avec un profil similaire. En conséquence, le collectif parle d’un retour en arrière de 20 ans dans la lutte contre les inégalités filles/garçons dans ces filières. De ce fait, l’organisme a relevé quelques pistes d’analyse depuis l’application de la réforme. Parmi elles, l’absence de disciplines scientifiques dans le tronc commun rend impossible les changements d’avis vers les parcours scientifiques en terminale. Un rééquilibrage entre tronc commun et spécialités en première serait donc à mettre en œuvre. Autre facteur conduisant à la désertion des filles dans les sciences : la meilleure réussite de la population féminine de seconde leur offre un plus large éventail de choix pour les spécialités, les conduisant statistiquement à s’éloigner des matières scientifiques. De plus, l’obligation d’abandon de la 3e spécialité en terminale conduit à celui de la spécialité maths pour les profils, majoritairement féminins, attirés par la biologie et la santé.

Pourtant, estime le collectif, c’est la seule façon pour conserver les 3 disciplines de première, SVT, physique-chimie et maths (comme option de 3h en plus du cursus), alors que ces catégories étaient auparavant équilibrées en Terminale S (5,5h de SVT, 5h de physique et 6h de maths). Une réflexion sur l’équilibre général des disciplines enseignées en terminale semble indispensable. L’organisme Maths&Sciences évoque également le caractère facultatif de l’option « mathématiques expertes ». Sa présentation élitiste peut tendre à décourager davantage les filles que les garçons, juge l’organisation. Selon cette dernière, le caractère non obligatoire demande un engagement fort de la part de l’élève, lorsqu’il n’est pas soumis à des contraintes d’établissement. L’ensemble des documents et analyse du Collectif est disponible en ligne à cette adresse.