Twitter s'est enflammé ce week-end. La raison ? Des milliers d'utilisateurs ont indiqué avoir été redirigés vers une page du ministère de l'Inérieur leur indiquant avoir tenté de se connecter à un site comportant des images de pédo-pornographie. Cette redirection, suite à un clic depuis un message Telegram contenant n'importe quel lien de redirection utilisant une adresse de domaine raccourcie (t.me), s'est révélée être une erreur. Comme le souligne notre confrère du Monde, la police a voulu bloquer des sites pédopornographiques relayés dans des messages sur le réseau social Telegram, mais « une erreur individuelle a conduit à une demande de blocage plus large que nécessaire ». Contactés par la police, les fournisseurs d'accès Internet ont levé les blocages avant un retour progressif à la normale en cours d'après-midi.

Ce blocage intervient au moment où le gouvernement pousse un projet de Loi sur la sécurisation et la régulation de l’espace numérique obligeant les fournisseurs d'accès à Internet français à bloquer un certain nombre de sites sur ordre du gouvernement sans contrôle d'un juge. « Le gouvernement espère ainsi qu’il puisse s’appliquer aux sites pornographiques ne vérifiant pas suffisamment l’âge de leurs visiteurs, aux sites permettant de réaliser des arnaques et à ceux diffusant des médias soumis à des mesures d’interdiction d’émettre, note Le Monde. La police peut bloquer des sites pédopornographique ou faisant l'apologie du terrorisme depuis 2014. « On se retrouve donc avec un blocage de Telegram complet, pour des raisons de pédo, alors qu'après tout, ce n'est qu'un système de communication. Quid des personnes qui ne communiquent que par cet appli ? Quid des systèmes d'alertes qui passent par Telegram ? », s'est notamment insurgée Cécile Morange, expert réseau freelance.

Un pistage des internautes qui pose question

Outre ce problème de blocage et de redirection unilatérale, le ministère de l'Intérieur est également pointé du doigt concernant un éventuel pistage risquant de porter atteinte à la vie privée : en effet, la page de blocage DNS contient un traceur JavaScript pour enregistrer la tentative de visite des internautes depuis des messages Telegram. « Tiens, le Ministère de l’Intérieur nous avait promis qu’il n’y aurait pas de tracking sur les pages de blocage DNS. Ils en ont rajouté quand on avait le dos tourné. Le mensonge et l’incompétence comme seule façon d’avancer », s'agace le twittos Solarus.

Une conséquence qui a aussi fait réagir le députée Renaissance Eric Bothorel : « Dans un souci de transparence bienvenue et nécessaire, je compte bien que nous ayons le détail des raisons qui ont conduit au blocage de http://t.me ce matin. Et au passage aussi, un éclaircissement sur le Flag de la page du MI. Conditions nécessaires à la confiance », a tweeté le député.