En France, le nombre d’offres d’emploi dans les métiers les plus exposés à l’IA (comme le secteur financier ou le développement logiciel) a été multiplié par huit entre 2018 et 2024, passant de 21 000 à 166 000 annonces. C’est ce que montre la deuxième édition du baromètre mondial de l’emploi en IA 2025 réalisé par le cabinet de conseil et d’audit PwC. L’analyse est basée sur l’examen de près d'un milliard d'offres d'emploi dans plus de 15 pays. Elle révèle que sur la période de 2019 à 2024, les métiers moins exposés à l’IA (des domaines plutôt manuels) ont connu une forte croissance (+65 % au niveau mondial ; +251 % en France), mais ceux plus exposés ont aussi progressé (+38 % au niveau mondial ; +273 % en France). Ces derniers se divisent en deux catégories. D’une part, les emplois automatisés, dont les tâches sont réalisées par l’IA et de l’autre ceux qui sont « augmentés », c’est-à-dire améliorés avec ces technologies.
Dans les deux cas, l’emploi est en hausse, avec une progression plus rapide pour les postes dont les capacités humaines sont optimisées avec l’IA. L’écart de croissance (+26 points) place la France devant l’Allemagne (+37 points) et loin devant le Royaume-Uni ou les États-Unis, où les postes peu exposés progressent davantage. Les emplois dits « augmentés », dans lesquels l’IA renforce les interventions, connaissent une croissance moyenne de +252 % en France, contre +223 % pour les emplois plus facilement automatisés en cinq ans.
Répartition des annonces en IA augmentée et de celles en IA automatisée en France. (Source:PwC)
Des emplois transformés plutôt que détruits
À l’échelle mondiale, les métiers mobilisant des compétences en IA ont progressé de 7,5 % en un an, alors même que les offres d’emploi globales ont reculé de 11,3 %. Ces chiffres confirment la tendance observée quels que soient les pays : l’IA transforme les rôles plus qu’elle ne les remplace, en particulier dans les secteurs à forte intensité cognitive ou relationnelle.
Les domaines qui concentrent le plus d’emplois liés à l’IA sont ceux de l’information et de la communication, avec une part d’offres IA passée de 2,5 % en 2018 à 3,8 % en 2024, ainsi que les activités scientifiques et techniques qui dépassent désormais les services financiers en volume d’offres IA.
Part des offres IA par secteur d'activité en France entre 2018 et 2024. (Source: PwC)
Une forte demande en diplômes sur l'IA
Cette dynamique s’accompagne d’une hausse du niveau de qualification requis. En 2024, 58 % des offres d’emploi dans les métiers les plus exposés à l’IA exigeaient un diplôme, contre 54 % en 2019. À l’inverse, pour les métiers peu exposés, cette part a baissé de 13 % à 10 %. Autrement dit, les métiers liés à l’IA demandent cinq fois plus souvent un diplôme que les autres. Toutefois, pour accélérer ce mouvement, les entreprises devront investir dans leurs stratégies d’IA et accompagner leurs salariés dans l’acquisition de compétences au-delà même du diplôme.
En effet, selon cette étude, les compétences recherchées évoluent 66 % plus vite dans les métiers les plus exposés à l’IA, contre 25 % l’an dernier. En France, les données confirment cette dynamique. Entre 2018 et 2024, les métiers les plus exposés à l’IA ont connu une évolution des compétences 34 % plus marquée que ceux moins exposés (indice de 1,3 contre 1). Ce différentiel traduit une transformation profonde des missions demandées, qui impose une montée en compétences rapide pour rester à niveau. La valeur accordée aux diplômes traditionnels diminue, notamment dans les métiers où l’IA joue un rôle accru. À l’échelle mondiale, la proportion d’emplois augmentés nécessitant un diplôme a chuté de 66 % à 59 %, et de 53 % à 44 % pour les emplois automatisés.
Part des diplômes requis dans les emplois les plus et les moins exposés par l'IA en France (Source: PwC)
Prévenir les inégalités de genre
En France, les emplois exposés à l’IA demandent aujourd’hui plus souvent un diplôme. Entre 2018 et 2024, la part des offres exigeant une qualification est passée de 54 % à 58 % pour les fonctions les plus impactées, tandis qu’elle a baissé de 13 % à 10 % pour les moins concernées. De même, la proportion d’emplois « augmentés » par l’IA nécessitant un diplôme est passé de 58 % à 62 % sur la même période. Sur l’impact de l’IA du point de vue des genres, le rapport alerte sur l’accentuation de certaines inégalités : dans tous les pays étudiés, les femmes sont plus nombreuses que les hommes à occuper des emplois exposés à l’IA, ce qui pourrait accroître la pression sur leurs compétences.
Quoiqu’il en soit, pour libérer le plein potentiel de l’IA, les entreprises doivent l’intégrer dès maintenant au cœur de leur stratégie. En conclusion PwC souligne :« l’avancée rapide de l’IA transforme non seulement les métiers mais aussi les compétences requises. Ce n’est pas un simple enjeu de recrutement : même en payant le prix fort pour des talents IA, ces compétences peuvent rapidement devenir obsolètes sans des investissements pertinents dans la formation continue. »
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