Malgré son dynamisme, la filière numérique dans la région des Hauts-de-France éprouve des difficultés à se renforcer et son développement est moins important que dans d’autres régions. C’est le principal constat de l’étude stratégique de la filière numérique dans le Nord de la France dévoilée par l’incubateur EuraTechnologies et ses partenaires, la Région Hauts-de-France, la Métropole Européenne de Lille (MEL) et la Banque des Territoires. Réalisé par le cabinet EY en amont de la Semaine du numérique en Hauts-de-France, le rapport porte sur la période 2020-2022. Les résultats montrent en effet qu’en dépit d’une forte croissance observée ces dernières années, la filière IT régionale doit composer avec plusieurs défis. La pénurie des talents, la très faible féminisation, et la concurrence induite par les niveaux de salaire sont les principales difficultés rencontrées par les acteurs du numérique installés sur ce territoire.

Ainsi, 72 % des entreprises du secteur interrogées rencontrent des problématiques de recrutement. Trois métiers sont principalement en tension : il s’agit de ceux liés au développement informatique, à la cybersécurité et la vente de produits technologiques. Autre obstacle rencontré au niveau régional ? Le niveau des rémunérations proposées par les entreprises concurrentes de la filière, cité par 21 % des répondants. Pour l’ensemble des interlocuteurs, l’absence de talents féminins limite également drastiquement le pool de talents potentiels. Des entretiens qualitatifs révèlent en parallèle un écart entre les besoins et les compétences avec une pénurie de profils expérimentés à haut niveau de qualification (ingénieurs, bac +5).

Dans le Nord de la France, le dynamisme des activités IT est ralenti par la rareté des compétences disponibles sur le marché. (Source: Euratechnologies/Crédit image: Euratechnologies)

Une région portée par les services IT et le commerce 

Malgré ces faiblesses, la filière numérique dans les Hauts-de-France est en accroissement depuis ces dix dernières années. La région est désormais classée 6e en nombre d'entreprises informatique avec 17 522 établissements (en 2021), dont 95 % sont des PME. Les deux principaux secteurs d’activité sont les services (34 %) et le commerce de détail et hardware (35 %), représentant deux tiers des acteurs au niveau local. Ils représentent à deux plus de 60 % des 15 milliards de chiffres d’affaires en 2020, estime l’étude. La part de l'emploi numérique est aussi en constante augmentation depuis une décennie, avec +1 285 emplois créés au cours de la dernière année. Et 4 entreprises sur 5 anticipent une augmentation de leurs effectifs sur les 3 années à venir.

Sans surprise, la Métropole européenne de Lille (MEL) est la collectivité qui regroupe le plus de salariés du secteur numérique, avec plus de 28 830 employés, soit près de 63 % des emplois numériques de la région. Mais la polarisation lilloise diminue progressivement au profit d’autres villes de la MEL et de la région (Villeneuve d’Ascq, Tourcoing, Beauvais). Plusieurs bassins, comme Amiens (édition et culture), Beauvais (commerce de gros), Boulogne (filière halieutique), Saint-Quentin (robotique) et Dunkerque (l’énergie et le numérique) ont également vu émerger des activités numériques en pleine croissance et créatrices d’emplois. Les Hauts-de-France bénéficient aussi d’une forte compétence sur cinq composantes technologiques déployées de manière importante au sein du territoire.

Le secteur des services IT représente la moitié des emplois informatiques créés dans le Nord de la France. (Source: Euratechnologies/Crédit image: Euratechnologies)

Plus de 20 structures créées en soutien à l'innovation

Aux côtés des services et de l’édition de logiciel portés par un tissu dense d’ESN (entreprises de services du numérique), on trouve la cybersécurité, avec notamment le Forum International de la cybersécurité (FIC) tous les ans à Lille depuis 2017. L’attractivité de la filière régionale est également marquée par le développement des objets connectés (IoT), avec le 1er cluster créé dès 2009, le CITC, ainsi que l’Intelligence artificielle, représentée par une Cité de l’IA et 15 projets accompagnés par Bpifrance en 2021. A cela s’ajoute le développement de secteurs porteurs et émergents soutenus par plus de 24 structures d’innovation à l’échelle régionale, dont plus de 10 dans la Métropole européenne de Lille (MEL). Parmi ceux-ci, on trouve la santé numérique, les industries créatives, les edtech, la fintech et l’assurtech. D’autres secteurs font également l’objet d’initiatives au niveau régional : Blue Economy autour de Boulogne, l’énergie à Dunkerque, la mobilité et l’industrie du futur à Valenciennes

En complément, l’étude souligne les investissements importants de la Région pour devenir un leader de l’industrie 4.0 et la dynamique Rev3, co-portée avec la CCI pour promouvoir une économie durable et connectée. L’attractivité de la région est là aussi majoritairement concentrée sur la Métropole Européenne de Lille. Pour autant, si cette dernière a connu une très forte croissance en investissements étrangers (+150 % de projets entre 2016 et 2019), elle reste loin derrière les leaders européens : Amsterdam, Berlin ou encore Dublin, pointe également l’étude en conclusion.