Suite aux critiques des législateurs et des groupes de défense des droits civils, le département américain de la Justice a décidé d’enquêter sur l’utilisation secrète d’une technologie de surveillance des communications qui permet de supplanter les antennes-relais de téléphonie mobile pour capter les conversations téléphoniques voire même accéder au contenu des smartphones. Selon un article paru dans le Wall Street Journal, le département de la Justice serait disposé à mieux encadrer l’usage de la technologie.

Les simulateurs d’antennes relais, également appelés « IMSI Catchers » ou « Stingrays », trompent les téléphones mobiles en faisant croire qu'ils communiquent avec l’antenne relais de leur opérateur alors qu’en réalité les données transitent par un système capable de capturer les données du mobile, son identité, sa localisation, les métadonnées et même les conversations téléphoniques, selon l'American Civil Liberties Union. Le système, qui utilise le système d’identifiant unique IMSI contenu dans la carte SIM, retransmet ensuite la communication vers le relais légal, si bien que l’utilisateur ne peut se rendre compte de rien. L’une des revendications des groupes de défense des droits civils est que, même si le système cible un téléphone en particulier, la technologie peut recueillir des données sur d'autres téléphones opérant dans le même secteur géographique, ce qui pose des problèmes de confidentialité.

Les hauts fonctionnaires demandent la transparence

Pendant des années, le FBI a utilisé cette technologie sans mandat. Mais, selon un article publié hier dans le Wall Street Journal, le gouvernement a depuis peu commencé à demander aux juges de délivrer des mandats de perquisition. L’an dernier, le WSJ avait rapporté que les forces de l'ordre avaient eu recours à ces « boîtes sales » ou « dirtboxes », pour suivre des gens au sol depuis des avions. De hauts fonctionnaires ont également demandé plus de transparence sur l’usage de ces systèmes. « Mais il reste encore au ministère de la Justice de trouver un accord sur la nature des informations qu’il est possible de divulguer et dans quel délai », indique le quotidien américain.

Certains législateurs s’opposent vivement à ce mode de surveillance. En décembre, les sénateurs Patrick Leahy, un élu démocrate du Vermont, et Chuck Grassley, un élu républicain de l'Iowa, ont demandé à l'administration fédérale des explications sur les « nombreuses » dérogations qui permettent au FBI de se passer de mandat de perquisition pour utiliser les simulateurs d’antenne. Les deux sénateurs ont notamment pointé du doigt la politique du FBI, qui estime que, dans les lieux publics, les utilisateurs mobiles ne s’attendent pas à ce que leurs données soient protégées, et selon eux, dans une telle situation, un mandat pour utiliser ces simulateurs d’antenne ne se justifie pas.

La protection de la vie privée en question

Les sénateurs se sont également inquiétés de savoir si le FBI et d'autres organismes chargés de l’application de la loi ont suffisamment pris en compte les intérêts de la vie privée des personnes qui ne sont pas visées par la surveillance, mais dont les informations sont également recueillies par ces « IMSI catchers », et si la destruction de ces informations après un court délai était une garantie suffisante pour protéger la vie privée de ces personnes. En avril, l'État de Washington a adopté une loi interdisant « l'utilisation d'un dispositif de simulation de site cellulaire sans mandat » délivré par l’autorité fédérale. D'autres États ont adopté des lois similaires ou ont entamé des procédures en vue d’établir une législation encadrant ces usages.