Le Top 500, ce classement semestriel des supercalculateurs les plus puissants du monde, stagne. En effet, pour la quatrième fois consécutive, le supercalculateur Tianhe-2 de l'Université nationale de technologie de défense chinoise conserve sa place de système le plus rapide du monde. Pourtant, le supercalculateur n'a pas subi d'évolution depuis qu'il a pris la première place du Top 500, c'est à dire depuis juin 2013. À l'époque, le benchmark Linpack avait établi sa puissance de calcul à 33.86 pétaflops/s, un pétaflop étant un million de milliards d'opérations en virgule flottante par seconde.

Un seul nouveau venu apparaît dans les 10 premiers du dernier classement : un système construit par Cray pour une institution gouvernementale américaine non identifiée, affichant 3,57 pétaflops/s. Les organisateurs du Top500 - des bénévoles du Lawrence Berkeley National Laboratory, un département de l'Université du Tennessee, et de Prometeus, l'organisateur de la conférence SC - n'ont pas voulu spéculer sur les raisons pour lesquelles les performances des supercalculateurs n'évoluaient pas, en tout cas d'après les mesures qu'ils effectuent. Néanmoins, ils se risqueront aujourd'hui à une analyse sur le sujet pendant la conférence SC14 qui se tient à la Nouvelle-Orléans (16-21 novembre). Les coupes dans les dépenses de recherche et l'accroissement de l'offre de services de calcul intensif de la part de fournisseurs de cloud comme Amazon et Microsoft, lesquelles évitent de grosses dépenses en immobilisations pour installer une machine géante sur site, pourraient expliquer en partie le phénomène. 

Un ralentissement des performances globales

Les organisateurs du Top500 font également remarquer que le manque de concurrence dans le haut du tableau ralentit l'avancement de la liste en général. « Normalement, les ordinateurs du haut de liste devraient être progressivement rétrogradés dans les classements successifs, à mesure qu'ils sont dépassés par des machines plus rapides », expliquent les organisateurs. Jusqu'ici, les performances globales de l'ensemble des ordinateurs étaient toujours en évolution. Mais ce n'est plus le cas et on assiste plutôt à un ralentissement de celles-ci. Entre 1994 et 2008, la performance annuelle atteignait 90 %, mais au cours des cinq dernières années, elle n'a été que de 55 %. La performance combinée totale des 500 systèmes de la dernière liste se situe à 309 Pflops/s, contre 274 Pflop/s en juin et 250 Pflops/s il y a un an. Cependant, dans les années à venir, le département américain de l'Énergie pourrait faire bouger les choses. L'agence, qui finance des supercalculateurs pour la recherche scientifique, projette de construire une machine de 300 pétaflops/s. Elle prévoit même qu'elle sera opérationnelle dès 2017, à condition que le Congrès valide son financement.

Dans le dernier Top500, ce sont toujours les États-Unis qui comptent le plus de systèmes dans la liste, même si leur nombre a diminué à des niveaux historiquement bas, avec 231 HPC sur la liste actuelle, contre 233 en juin 2014 et 265 en novembre 2013. Les supercomputers asiatiques ont également chuté en nombre, passant à 120 dans le dernier Top500 contre 132 en juin. En revanche, l'Europe a augmenté sa présence dans le calcul intensif. Les Européens ont 130 systèmes représentés sur la liste, en hausse, comparés aux 116 machines apparaissant dans le classement de juin 2014. Pour ce qui est des fournisseurs de supercalculateurs, Hewlett-Packard domine la liste avec 179 systèmes représentés, soit environ 36 % du total. IBM suit de près avec 153 HPC, soit 30 % de la liste. Enfin, le constructeur du supercalculateur Cray arrive en troisième position, avec 62 systèmes représentés, soit 12,4 % du total.