La compagnie aérienne allemande Lufthansa a publié un tweet indiquant qu’à la suite de discussions avec les autorités aéronautiques allemandes elle autorisera désormais le transport d'AirTags sur ses vols. Cette annonce fait suite à plusieurs jours de spéculation sur les politiques de Lufthansa concernant les mini-porteurs Bluetooth, et sur les raisons de ces politiques. En début de semaine nous avions d’ailleurs publié un article à ce sujet, où Lufthansa indique clairement que les traceurs sont interdits en vertu du respect des directives internationales.

Ce week-end, un représentant de la compagnie a déclaré sur Twitter que Lufthansa « interdit les AirTags activés dans les bagages car ils sont classés comme dangereux et doivent être éteints ». Pressé d'en donner la raison, un autre représentant a affirmé que la décision était basée sur des directives internationales. « Selon les directives de l'OACI », écrit le représentant, « les traceurs de bagages sont soumis à la réglementation sur les marchandises dangereuses. En outre, en raison de leur fonction de transmission, les trackers doivent être désactivés pendant le vol s'ils sont dans un bagage enregistré et ne peuvent donc pas être utilisés ». Les AirTags peuvent être retirés de Find My relativement facilement, mais cela va à l'encontre de l'objectif d'en avoir un dans vos bagages.

Alors, interdit ou pas interdit ?

D'autres déclarations ont cependant brouillé les pistes. L'analyste aéronautique Alex Machetes a rapporté que Lufthansa lui avait confirmé que les AirTags n'étaient pas interdits. Et Lufthansa a déclaré séparément au magazine Airways samedi qu'elle n'avait « pas interdit les AirTags, et il n'y a pas de directive ou de règlement de Lufthansa pour interdire les AirTags. Il existe un règlement permanent de l'OACI sur ces dispositifs, mais cela n'a rien à voir avec Lufthansa ou tout autre transporteur ». Mais cette dernière explication semble impliquer que ces traceurs ont été interdits sur les vols, la compagnie aérienne contestant plutôt quelle organisation a pris la décision : c'est un « règlement permanent de l'OACI », et non une directive interne de Lufthansa, qui est à l'origine de l'interdiction.

Il est peut-être utile de mentionner qu'après cette dernière clarification, Lufthansa n'a toujours pas supprimé ces premiers tweets. En effet, la formulation du denier tweet semble impliquer une fois de plus que les AirTags étaient interdits, et ne le sont plus. Quant aux directives de l'OACI : personne ne semble sûr de la légitimité de cette affirmation. De nombreuses personnes interrogées sur Twitter ont insisté sur le fait qu'il existe une exemption pour les dispositifs contenant des piles au lithium d'une taille inférieure à un certain seuil, et que les AirTags devraient en bénéficier. La TSA a déclaré qu'il n'y avait pas de problème avec les traceurs sans fil, et le site allemand Watson, qui a révélé l'histoire, a reçu une réponse similaire des représentants des aéroports de Munich et de Berlin.

Un vent de panique après l’annonce de Lufthansa

Dans l'ensemble du secteur aérien, il ne semble pas y avoir de consensus concernant les traceurs d’Apple. Comme le fait remarquer Watson, de nombreuses compagnies aériennes les tolèrent. Un représentant d'American Air a déclaré sur Twitter, plutôt prudemment, que « pour le moment, aucune information n'indique que ces dispositifs sont interdits sur nos vols ». EasyJet a déclaré : « Nous n'avons pas de politique interdisant la présence d'Apple AirTags à bord ». United Airlines a déclaré : « Il n'y a aucune restriction concernant la présence d'AirTags dans vos bagages enregistrés ».

Nous ne prétendons pas être experts en réglementation aérienne, notamment sur les tenants et les aboutissants de la classification des marchandises dangereuses, mais il convient de se demander pourquoi il a fallu attendre octobre 2022 pour que des réglementations préexistantes soient utilisées pour proscrire un dispositif sorti en avril 2021, ou des dispositifs similaires comme Tile qui existent depuis des années auparavant. Le timing suggère fortement qu'il s'agissait d'une question de comportement des utilisateurs, qui a mis du temps à émerger et à être observé, plutôt que d'un danger scientifiquement déterminé. Si quelqu'un était réellement inquiet que les AirTags puissent faire tomber des avions du ciel, ils auraient été interdits dès le premier jour.

Les experts en voyage soupçonnent Lufthansa d'avoir été motivée par la façon dont les passagers ont commencé à utiliser ces traceurs pour localiser leurs bagages perdus. Ben Schlappig, de One Mile At A Time, ne se dit « pas surpris de voir Lufthansa être la première compagnie aérienne à ajouter une telle interdiction. Lufthansa n'est pas exactement une compagnie aérienne conviviale, et la compagnie a connu un été épouvantable en ce qui concerne les bagages perdus. Les AirTags permettent aux voyageurs de savoir exactement où se trouvent leurs bagages, et j'imagine que c'est quelque chose que certaines compagnies aériennes n'apprécient pas vraiment. Si vous regardez sur Twitter, vous verrez une tonne de personnes exprimant leur frustration à l'égard de Lufthansa parce qu'elles savent exactement où se trouve leur sac enregistré, alors que la compagnie aérienne refuse de les aider ».