Le fondateur d’Appian et concepteur de jeux de société à temps partiel, Matt Calkins, estime que « l’ouverture est la voie à suivre » en ce qui concerne la plateforme low-code qu’il a lancée en 1999. Ajoutant que, bien qu’aucun projet de ce genre ne soit sur le tapis pour le moment, il n’est pas exclu que certains composants de la plateforme passent en open source un jour. Le CEO d’Appian s’est entretenu avec la presse suite son keynote lors de la conférence Appianworld à San Diego, la semaine dernière. Matt Calkins y a annoncé une intégration plus étroite avec les services IA de Google ainsi qu’un orchestrateur RPA et la prise en charge de deux autres fournisseurs de ce type de solutions : Automation Anywhere et UiPath.

Que ce soit sur l’IA, la RPA, le stockage ou les communications, Appian propose tient à intégrer les fonctionnalités de différents fournisseurs dans chacune de ces branches. « Ce que nous faisons habituellement, c’est choisir une entreprise avec laquelle nous sommes plus proches et construire avec elle un partenariat plus important qu’avec les autres que nous intégrons », développe Matt Calkins. « C’est Twilio pour les communications unifiées, c’est Google pour AI, c’est Amazon pour le cloud et c’est BluePrism pour la RPA. » Pour le CEO, cette stratégie d’offres regroupées est « comme une intégration mais encore mieux intégrée. Nous voulions ainsi rendre la connexion à d’autres technologies encore plus simple pour nos clients. Et nous continuerons ce processus. Je ne peux pas dire pour le moment les applications que nous regrouperons mais nous voyons cela comme la prochaine étape logique pour simplifier l’accès à de nouvelles fonctionnalités. »

La stratégie d'Appian cette année est de packager ses différentes intégrations pour, à terme, proposer des solutions par secteurs d'activités et cas d'usages. (Crédit : Nicolas Certes)

Vers une plateforme open source ?

Cette stratégie pourrait également permettre à Appian de toucher une autre catégorie de clients. « Nous voulons nous adresser davantage aux entreprises de taille moyenne – peut-être pas encore les TPE-PME – et je pense que les solutions verticales et les packages peuvent leur apporter une réponse. Elles souhaitent investir moins et sont plus enclines à accepter une application similaire aux autres. L’application n’a pas besoin d’être différente, comme le souhaiterait un grand groupe, donc je pense que les solutions peuvent les toucher. Et ce sera pour nous un moyen d’adresser une clientèle plus large », a poursuivi M. Calkins.

La société a donc été particulièrement occupée ces dernières années à publier des connecteurs pour sa plateforme, mais serait-il logique de rendre son code public pour que les développeurs puissent réaliser ces connexions en amont s’ils le souhaitent ? « Si nous avions une stratégie open source à long terme, ce serait une bonne première étape : avoir le SDK, le publier, permettre à d’autres d’écrire des composants, les héberger aux côtés des nôtres et les donner gratuitement », indique Matt Calkins. « Nous parlons beaucoup de ces premières étapes d’ouverture. Je ne sais pas où cela va nous mener – et je n’ai pas l’intention de rendre open source quoi que ce soit – mais c’est une direction intéressante que nous prenons. »

Une migration vers Kubernetes en cours

Bien que l’éditeur se positionne comme une plateforme low-code, elle assure également la gestion des processus métiers et d’autres domaines. A la question de savoir si Appian ne se sous-estime pas en ne se concentrant que sur la partie low-code, Matt Calkins explique cela par une volonté de simplicité dans un marché qui, selon lui, est susceptible de devenir plus encombré, y compris par les gros fournisseurs cloud. « Si le terme devient populaire, vous aurez des concurrents à faible rendement mais bien financés qui tenteront de proposer des solutions sous l’appellation « low-code ». C’est inévitable. Ce sera encore pire quand nous aurons des concurrents encore plus importants. Disons qu’Amazon veuille un jour se mettre au low-code, eh bien ils essaieront de faire en sorte que ces solutions semblent encore plus simples que ce que Mendix laisse paraître. Nous devrons simplement transmettre notre propre message. »

Le CEO d’Appian et d’autres vice-présidents avec qui nous avons discuté sur Appianworld ont ajouté que la transition de la plateforme vers l'orchestrateur de conteneurs de Kubernetes a été une priorité dernièrement, et continuera de l'être dans les mois à venir. « Nous pensons que la technologie va nous aider à être portables, à être indépendants, qu’elle sera en faveur de nos clients, qui sont maintenant en mesure de faire évoluer leurs applications beaucoup plus rapidement, en n'adaptant que les parties qui sont sous tension », explique Matt Calkins.

Une entrée en bourse plutôt saine

Un autre message important de la convention portait sur la technologie Appian utilisée dans le secteur public américain. Appian a notamment annoncé avoir obtenu la certification Impact Level 4, permettant aux agences fédérales et au ministère de la Défense américain d’utiliser les solutions. Ainsi que les certifications Hitrust (du secteur de la santé) et ISO 27001 (identification des risques et mise en place de contrôles de sécurité).

Enfin, depuis son introduction au Nasdaq en 2017, Appian a rencontré quelques obstacles, « mais pas trop » selon son CEO. « C’est désorientant pour beaucoup d’entreprises car cela vous force à penser à court terme, et cela peut mener à un mauvais comportement. Cela distrait les gens qui surveillent l’action au lieu de faire leur travail. Dans notre cas, je ne crois pas que ça ait posé de problème. Notre structure de propriété est telle que nous ne craignons pas d’être lâchés par les actionnaires si nous réalisons un mauvais trimestre. Nous pouvons donc nous permettre de penser à long terme et nous mettons un point d’honneur à ne pas prêter attention au cours de l’action », assure Matt Calkins. Au moment de la publication de cet article par nos confrères d’IDG, l’action d’Appian se vendait à 34,15$, une saine hausse par rapport aux 17$ à son prix d’ouverture. Cette IPO a également été un moyen pour l’entreprise de se faire connaître et, par là-même, un autre moyen de démocratiser le low-code.