Entre Donald Trump et Jeff Bezos il y a sans doute plus que de l'électricité dans l'air. Surtout depuis que la décision a été prise par le Département américain de la Défense de finalement opter pour Microsoft afin de migrer ses systèmes informatiques dans le cloud Azure. Pour Amazon et son emblématique CEO Jeff Bezos, ce choix est loin d'être basé sur des seuls arguments (techniques, fonctionnels, tarifs...) probants, mais davantage sur des considérations relevant d'une bonne dose d'animosité entre le patron du groupe et la président des Etats-Unis. Et ce, alors que les craintes liées à un potentiel conflit d'intérêt d'AWS dans ce contrat ont depuis été levées.

« Le président Trump a démontré à plusieurs reprises sa volonté d'utiliser sa position de président et de commandant en chef pour interférer avec les fonctions du gouvernement - y compris les marchés publics fédéraux - pour faire avancer son plan personnel », a expliqué un porte-parole d'AWS à notre confrère The Register. « Préserver la confiance du public dans le processus de passation des marchés du pays nécessite la découvrir et faire la lumière sur l'ordre du président Trump de serrer la vise d'Amazon. La question est de savoir si le président des États-Unis devrait être autorisé à utiliser le budget du département de la Défense pour ses propres fins personnelles et politiques ».

Le ministère de la Défense vent debout contre des dépositions

Pour clarifier la situation, la branche services IT d'Amazon, AWS, a lancé une procédure visant directement Donald Trump pour le contraindre à s'expliquer sur les raisons ayant poussé le Pentagone a finalement se tourner vers Microsoft pour le contrat JEDI. Outre le président américain, AWS espère également qu'en plus de l'actuel ministre de la Défense, Mark Eper, l'ancien secrétaire d'Etat américain à la Défense, James Mattis, soit aussi interrogé. Un témoin important, ce dernier ayant précédemment mentionné que Donald Trump lui avait signifier « d'envoyer paître Amazon ». Rien ne dit que la procédure en cours réussisse réellement toutefois : « Le ministère s'oppose fermement à ce que de hauts responsables du Pentagone fassent des dépositions », a réagi le lieutenant-colonel Robert Carver, porte-parole du ministère de la Défense, qui ne compte d'ailleurs pas retarder la mise en oeuvre du contrat avec Microsoft pour autant.

Le fait que Donald Trump est proche de David Pecker, directeur du magazine people National Enquirer qui a publié les photos intimes de Jeff Bezos, n'arrange rien. D'autant que ce dernier est propriétaire du Washington Post qui a mené l'enquête sur les liens entre le groupe American Media propriétaire du tabloïd, et le régime saoudien, proche de Donald Trump, qui a entouré de flou la mort de l'éditorialiste du Washington Post Jamal Khashoggi.