C'est dans le cadre prestigieux du Sénat que Microsoft a présenté ce matin le bilan de son programme Idées, un an après son lancement. Né en France sous l'impulsion de Marc Jalabert, responsable de la division Plateforme et Ecosystème, Idées (Initiative pour le développement économique des éditeurs de logiciels et des start-up) affiche déjà des chiffres impressionnants. Plus de 300 entreprises ont en effet demandé à profiter du programme l'année dernière, et cette année ce sont près de 400 qui se bousculent au portillon. Conçu à l'origine pour 25 start-up, le programme a été étendu à 50 : la cinquantième vient juste d'adhérer au programme, il s'agit de Criteo, éditeur, dit-il, « d'un moteur de recommandations personnalisées en temps réel à destination des sites de e-commerce ». Toujours côté chiffres, la moitié des start-up a trouvé un financement après avoir adhéré au programme. C'est, de fait, un des avantages majeurs de l'initiative. Une entreprise qui signe pour Idees se voit attribuer, selon ses besoins, un accès aux salles de conférence dans les locaux de Microsoft rue de l'Université, du temps dans le Technology Center (un atelier permettant de reproduire divers environnements pour mener des tests), l'aide des consultants présents, ainsi que le soutien de l'éditeur en matière de marketing : édition de brochures (en anglais notamment), présence dans les salons, visibilité accrue pour la presse, les clients (en France mais aussi à l'étranger, partout où Microsoft est implanté), les sociétés de capital-risque...

Aucun lien capitalistique présent ou futur avec les sociétés parrainées

Où est le piège, se demande-t-on bien évidemment. Difficile de croire en effet sur parole Eric Boustouller, le PDG de Microsoft France, qui affirmait en introduction de la conférence que l'objectif de l'éditeur est en premier lieu « d'apporter sa contribution à la prospérité de la France », de « créer des emplois moins délocalisables », et qu'en aucun cas il n'est demandé aux start-up de travailler exclusivement sur les technologies Microsoft. La question a donc été posée - plus délicatement - lors de la table ronde organisée ce matin, qui réunissait notamment, aux côtés de Marc Jalabert, des représentants d'organismes de recherche et de financement. Marc Jalabert a rappelé que Microsoft ne prenait aucune participation dans les sociétés partenaires, n'avait aucune intention de les racheter, et qu'il n'y avait à aucun moment de négociation sur la propriété intellectuelle. « Nous n'avons pas de critère de retour sur investissement », a encore souligné Marc Jalabert. Qui a tout de même précisé « qu'il est évident que quand Excentive gagne des affaires, nous en gagnons aussi », la solution étant basée sur des technologies uniquement Microsoft, notamment la base SQL Server. On pourrait aussi citer Miyowa, qui a porté Messenger sur i-Mode, chaque pack Bouygues Telecom rapportant aux deux éditeurs.

Des conventions spécifiques pour attaquer les marchés chinois et américains

Vingt-cinq éditeurs adhérents étaient invités à exposer leur entreprise et leur technologie au sortir de la conférence. Parmi eux, Didier Rochereau, DG de Sparus (logiciel de gestion de terminaux communicants), se disait ravi de la visibilité que lui apporte ce partenariat : « Nous étions par exemple sur le stand Microsoft au salon Mobile Office ». Jean Ferré, DG de Sinequa (moteur de recherches sémantique), estime de son côté avoir pu entrer chez un client comme Bouygues Construction « grâce au poids de Microsoft, de Steve Ballmer qui nous présente comme un partenaire à forte valeur ajoutée ». De même, l'éditeur a levé 4 ME après avoir été intégré au programme. Fort de ce bilan, Microsoft France commence à exporter son initiative dans d'autres filiales, sous le nom Ideas. Les premiers concernés sont des pays où les éditeurs de logiciels présentent également une grande vitalité, comme l'Inde, la Chine et Israël. L'éditeur pense d'ailleurs établir des programmes d'échanges, par exemple en accueillant trois start-up chinoises à condition que trois start-up françaises bénéficient elles-mêmes du soutien de Microsoft en Chine pour pénétrer le marché. Une action spécifique, enfin, est prévue pour aider les jeunes éditeurs français à s'implanter aux Etats-Unis : Microsoft vient d'annoncer son soutien à FBIA (French business & innovation accelerator), un programme soutenu par le gouvernement français aidant les entreprises à s'installer dans la Silicon Valley. A noter pour conclure que Marc Jalabert se dit tout prêt à exposer le fonctionnement d'Idées à toute grande entreprise qui voudrait s'en inspirer.