En direct de Barcelone. Une semaine avant le début du MWC 2019, Donald Trump tweetait qu’il « veut la 5G, et même la 6G, sur le territoire américain dès que possible. » Un appel à renouer avec Huawei ? Sûrement pas mais c’est la blague assez mal venue qu’à sortie François Barrault, président du cabinet Idate, invité par Huawei lors de sa conférence pour la presse française… L’équipementier chinois venait rappeler qu’il ouvrait désormais ses stands sur le salon à tous et non plus aux seuls clients ou invités comme les années précédentes. Une volonté de transparence inhabituelle dans un contexte assez tendu.

Malgré cela, Huawei ne tarit pas d’annonces pour ce salon. Outre son propre smartphone pliable, sous cloche donc intouchable (comme celui de Samsung d’aillleurs…), un partenariat sera signé avec Monaco Telecom le 27 février pour équiper la principauté de la 5G. Le Chinois lance aussi sa solution de réseau de transport convergent 5G-ready, construite sur le premier routeur 50GE et la première solution micro-ondes 5G basée sur la modulation PAM4. Pour des scénarios d'accès en fibre optique, le routeur prend en charge la transmission bidirectionnelle à fibre unique. Sans accès fibre optique, la solution micro-ondes 5G de Huawei promet un accès à une bande passante de 10 Gbps sur n'importe quelle bande de fréquence.

Pour concurrencer Samsung, Huawei a également dégainé son smartphone doté d'un écran pliable. (Crédit IDG) 

Cette solution permet une évolution progressive des protocoles MPLS vers SR et SRv6, sans interférence entre services 4G et 5G. Ce produit prend en charge les deux protocoles, de sorte que les opérateurs peuvent utiliser les protocoles SR et SRv6 pour déployer des services 5G de bout en bout tout en utilisant simultanément le protocole MPLS pour les services 4G. Tout ceci est managé par le Network Cloud Engine (NCE) du Chinois. Le NCE prend en charge le contrôle et la gestion unifiés des réseaux de transport 4G et 5G, et fournit une interface machine-machine qui est pilotée par des modèles, au lieu d'une interface homme-machine. Cela réduit le temps nécessaire à la mise en place du service de quelques heures à quelques minutes, notamment grâce aux technologies de télémétrie et d'intelligence artificielle intégrées.

Une situation sous contrôle

Mais alors, comment l’équipementier vit son éviction de certains pays ? D’une part Weiliang Shi, CEO Huawei France, rappelle que ce n’est le cas qu’aux Etats-Unis et en Australie. Et d’autre part, si le représentant du fournisseur reconnaît des problèmes d’images, il rappelle que le groupe a enregistré encore 18% de croissance l’année dernière et qu’il compte de nombreux partenaires technologiques dans tous les pays, dont une soixantaine en France. Et si certains opérateurs ont manifesté leur refus de travailler avec Huawei sur le déploiement de la 5G, Weiliang Shi indique que 30 contrats signés sont néanmoins déjà signés dans le monde, représentant 40 000 sites équipés. La moitié de ces accords ont été signés en Europe, avec Telefonica ou T-Mobile. 500 sites sont équipés 5G à Londres également d’après le représentant de Huawei. Rien de prévu en France pour le moment, mais des opérateurs comme Bouygues et SFR ont travaillé avec le Chinois pour le déploiement de la 4G. « Le gouvernement français a dit que nous étions les bienvenus pour investir, mais il n’a rien dit concernant la 5G » s’amuse Weiliang Shi qui ne demande pas mieux.

Sur les soupçons d’espionnage industriel, les représentants francophones de Huawei insistent : « Nous n’avons jamais transféré de données quelles qu’elles soient. Huawei en France est une société française, qui paie ses impôts en France et est soumise à la législation française. […] Si jamais Pékin nous demandait de transférer les données françaises en Chine, nous refuserions. Dans un cas extrême où nous serions directement forcés de le faire, nous arrêterions notre activité locale purement et simplement. Notre volonté n’est pas de compromettre les données de nos clients. »

L’amendement de la loi Pacte remis sur la table

Les autorités gouvernementales semblent tout de même vouloir avoir un droit de regard sur le futur déroulement des déploiements 5G. En France en tout cas. Si l’amendement à la loi Pacte sur le renforcement de la sécurité et du contrôle autour des équipements réseau mobile a été rejeté par le Sénat début février, La République en Marche est revenue à la charge en fin de mois avec une nouvelle proposition de loi en ce sens. Le responsable de Huawei France s’inquiète de cette mesure, le temps de déploiement pouvant être ralenti par une telle mesure. « Si Bercy doit valider où les opérateurs pourront installer les équipements et avec qui, ils n’auront plus l’autonomie nécessaire pour réaliser des appels d’offres et cela engendrerait un réel recul de compétitivité entre les acteurs » indique Weiliand Shi. Sentiment partagé par nul autre que Börje Ekholm, CEO d’Ericsson.