Oracle a sorti l'artillerie lourde pour contester un récent rapport de Forrester Research qui suggère que la plupart de ses clients ne sont pas intéressés par les applications Fusion de l'éditeur, disponibles depuis un an après un long et couteux programme de développement. Rappelons que les applications Fusion combinent les meilleures fonctions des divers ERP (Enterprise Resource Planning) et CRM (Customer Relationship Management) de l'éditeur pour créer une suite disponible sur site ou dans le cloud.

La note de Forrester souligne qu'Oracle est confronté à un « dilemme stratégique» quand il pousse ses applications Fusion, car l'éditeur gagne encore beaucoup d'argent avec des lignes de produits plus anciens. Le cabinet d'études considère également que les 400 clients utilisant déjà Fusion sont une « goutte dans l'océan» par rapport à l'ensemble de sa base applicative installée. Les réponses d'Oracle courent sur plusieurs pages et critiquent de nombreux points du rapport. D'une part, le rapport « est une note spéculative basée sur des idées fausses et des hypothèses erronées, » écrit Oracle. « Les lecteurs remarqueront l'utilisation répétitive des expressions « nous croyons »,« notre théorie »,« nous pensons », et« nous ne sommes pas sûrs. »

Co-existence entre les plates-formes

De manière incorrecte, Forrester donne l'impression que « les clients ont un choix à faire entre les Unlimited Applications et les Fusion Applications d'Oracle », poursuit l'éditeur. « Il s'agit d'une hypothèse erronée dès le départ qui conditionne ensuite le reste de la note. »  Oracle a en effet choisi une approche permettant  une « co-existence » entre les applications traditionnelles E-Business Suite ou PeopleSoft  et les modules de l'offre Fusion Applications. Alors que Forrester mentionne le concept de co-existence dans son rapport, Oracle indique que le cabinet d'études lui a donné bien peu de cas. «Les clients peuvent adopter des modules Fusion Applications progressivement et à leur rythme, et co-exister avec leurs déploiements existants. Jamais nous n'avons forcé les clients à déplacer / migrer d'Applications Unlimited vers Fusion Applications », selon le communiqué de presse. « Les clients ne savent pas toujours ce qu'il faut faire dans le contexte de leur mise en oeuvre spécifique, car chaque déploiement est plus ou moins spécifique, mais la stratégie d'Oracle est très claire. Nous n'avons pas de dilemme. »

Forrester aurait également omis de reconnaître les investissements réalisés par Oracle sur sa plate-forme Applications Unlimited, qui comprennent de futures versions et de «longues listes d'améliorations», objecte l'éditeur.

Des données datées ? 

Oracle critique en outre certaines données sous-jacentes du rapport de Forrester, qui comprenait les réponses de 139 clients du cabinet d'études qui se sont identifiés comme utilisateurs des applications de l'éditeur. Ces données proviennent d'une enquête réalisée en juin 2012, « de sorte qu'elles ne représentent pas nécessairement les conditions actuelles du marché », a déclaré Oracle. Ces données n'offriraient en outre pas assez de variété géographique ou démographique, et « beaucoup de questions » de l'enquête "ont été formées de manière négative», selon Oracle.

« Nous nous en tenons au rapport », a brièvement rétorqué dans une déclaration Phil Leclare, porte-parole de Forrester. La réponse d'Oracle à Forrester est un geste très inhabituel, étant donné que son service de relations publiques ne livre généralement que peu de commentaires aux critiques. Ceci pourrait suggérer que l'éditeur est particulièrement sensible à la façon dont sont perçues les applications Fusion sur le marché. Dans l'ensemble, Oracle est en effet confronté à un petit problème avec sa plate-forme Fusion, selon un observateur de l'industrie sans lien avec le litige Forrester. « Dans un sens, la gamme Oracle Applications Unlimited a eu trop de succès », a déclaré Frank Scavo, président du cabinet de conseil IT Strativa. « La majorité des clients d'Oracle sont si satisfaits de leurs systèmes actuels qu'ils ne voient pas la nécessité de passer à Fusion ». En outre, « les applications d'entreprise sont assez collantes », a indiqué M. Scavo. « Il est déjà assez difficile pour les fournisseurs de pousser leurs clients vers des mises à niveau, même lorsque les vendeurs annoncent la fin du support pour un produit existant. Imaginez alors à quel point il est difficile de trouver des clients prêts à changer quand vous leur avez assuré que les investissements seraient maintenus sur les produits existants. »