Début août, Google a demandé au juge en charge de l'affaire qui l'oppose à Oracle, de déclarer que son système d'exploitation Android n'empiétait pas sur le droit d'auteur d'Oracle. Mais Oracle vient de faire objection à cette requête, demandant au juge que la plainte soit maintenue en vue du procès. « Aucun tribunal n'a jamais considéré que les API (Application Programming Interfaces) d'une plate-forme logicielle aussi complexe que Java ne puissent bénéficier de la protection de la loi relative aux droits d'auteur, » écrit Oracle. « La question est de savoir si le fait que Google copie du code Java est important ou non, » ajoute l'éditeur. « Google ne conteste pas ces emprunts. Mais les parties ne sont pas d'accord sur la signification de l'usage qui en est fait, » déclare l'éditeur de Redwood.

De son côté, Google estime que les quelques fichiers de code empruntés à Java sont insignifiants, avançant qu'elle utilise ces fichiers comme des fichiers de test. Mais Oracle conteste l'argument, et fait valoir que, même si c'était le cas, «ces fichiers tests restent importants. » Oracle conteste également l'argument de Google selon lequel le géant de l'internet n'avait pas d'autre choix que de copier ce code, car il ne disposait d'aucun autre langage. « Google a repris le nom de 37 paquets, 458 classes, 158 interfaces, 2427 méthodes, 893 champs, et d'autres éléments. Tout cela ne peut être imputé au fait que le langage de développement utilisé par Google était limité, » écrit Oracle. Oracle fait également remarquer que la méthode mise en oeuvre par Google a contribué à fragmenter le code Java, « portant gravement atteinte à l'engagement « write once, run anywhere » de Java. « Google affirme avoir eu recours à la copie pour garantir la compatibilité, mais en réalité Google a pris seulement les morceaux d'API qui l'intéressaient pour Android et en a créé beaucoup d'autres, incompatibles ceux-là. En conséquence, de nombreux programmes écrits en Java pour les autres plateformes ne fonctionneront pas sur Android, et de nombreux programmes écrits pour Android ne tourneront pas sur les plates-formes et dispositifs Java, » écrit encore Oracle.

Bloquer la fragmentation de Java

« La question n'est pas de savoir si Google a voulu créer une plate-forme compatible en empruntant du code aux API Java. Mais de voir que Google a pris et choisi certaines API Java, et pas d'autres, en sachant qu'elle développait une plateforme incompatible », écrit Oracle. En outre, Oracle fait remarquer que Google est prompt à défendre essentiellement le droit d'auteur de ses propres logiciels. « Notamment, Google exige de ses constructeurs de ne pas toucher aux API Android - y compris les 37 API reproduites à partir du code appartenant à Oracle - pour prévenir la fragmentation de sa plateforme Android, » poursuit Oracle. « Or la licence qui protège Android est équivalente à celle qui protège Java, » dit encore Oracle.

Google aura la possibilité de soumettre de nouveaux arguments pour motiver sa demande auprès du tribunal en vue d'obtenir une décision rapide sur la question du copyright. Dans un document distinct déposé au cours du week-end, Edward Screven, chief corporate architect chez Oracle, a déclaré que la stratégie de Google fermait tout accès d'Oracle au marché du mobile. À la question de savoir si l'éditeur avait une stratégie pour réussir sur le marché des smartphones ou celui des plates-formes mobiles, celui-ci a déclaré : « Essentiellement, Android nous empêche de le faire, et pour l'instant, je ne vois pas quelle stratégie nous pourrions adopter pour nous dégager de l'emprise d'Android. Le système d'exploitation mobile de Google n'a laissé aucun espace à Java pour lui permettre de se retrouver sur les smartphones. » De son point de vue, « Java est tenu à l'écart du marché des smartphones à cause d'Android », a-t-il ajouté.

En fin de semaine dernière, le juge a rejeté de nouvelles requêtes déposées par Google, mais en a accepté d'autres. La date du procès, qui se déroulera devant un jury, est prévue pour le 31 octobre prochain devant le tribunal du district de Californie. La plainte d'Oracle avait été déposée devant ce même tribunal fin 2010.