Oracle va devoir attendre encore plusieurs semaines avant de savoir s'il est autorisé à acheter Sun (pour un montant de 7,4 Md$). La Commission Européenne, qui devait donner un avis sur le sujet ce mois-ci, après un mois d'enquête préliminaire, a finalement décidé, aujourd'hui, jeudi 3 septembre, de prolonger son investigation. Dans un communiqué, elle explique qu'elle a constaté que «l'opération envisagée soulève des doutes sérieux quant à sa compatibilité avec le marché unique, en raison de problèmes de concurrence sur le marché des bases de données.» La commission cherche à savoir si « l'opération de concentration entrave ou non de manière significative le jeu d'une concurrence effective dans l'Espace économique européen (EEE) ou une partie substantielle de celui-ci. » Ni réduction du choix des consommateurs, ni hausse des prix Les inquiétudes de l'Europe concernent l'absorption par le leader mondial des bases de données, de MySQL, le SGBD libre racheté par Sun en janvier 2008. « La Commission se doit tout particulièrement de veiller à ce que ce rachat ne réduise pas le choix des consommateurs ou n'entraîne pas de hausses de prix, insiste Neelie Kroes, membre de la Commission, responsable de la concurrence, citée dans le communiqué officiel. Les bases de données sont une composante essentielle des systèmes informatiques des entreprises. Dans le contexte économique actuel, toutes les entreprises recherchent des solutions informatiques offrant un bon rapport qualité-prix et les systèmes reposant sur des logiciels ouverts apparaissent de plus en plus comme une alternative viable aux solutions «propriétaires». La Commission rappelle par ailleurs que le marché des bases de données est déjà particulièrement concentré puisqu'Oracle, IBM et Microsoft contrôlent près de 85% des parts de marché en valeur. Qui plus est, Oracle est le maître incontesté des bases propriétaires et pourrait mettre la main sur MySQL qui domine celui des SGBD libres. L'enquête préliminaire de la Commission a révélé que les deux logiciels sont en concurrence directe sur de nombreux segments de marché et que, de l'avis général, MySQL devrait exercer une pression concurrentielle plus forte à mesure qu'il s'améliore. Pour la Commission, par ailleurs, « le fait que MySQL soit une base de données ouverte pourrait ne pas éliminer totalement les risques d'effets anticoncurrentiels. » Elle compte donc en particulier vérifier l'opportunité, pour Oracle, de continuer à développer MySQL en tant que base de données ouverte. Avant de rendre un avis, les Etats-Unis avaient eux-aussi réclamé un délai, mais à cause d'interrogations autour de la propriété de Java. Ils ont finalement approuvé le rachat le 21août. La Commission Européenne dispose désormais d'un délai de 90 jours ouvrables pour prendre sa décision. Oracle pourrait donc devoir attendre jusqu'au 19 janvier 2010 pour savoir sur quel pied danser.