Pour son dernier trimestre fiscal, Oracle a vu son chiffre d'affaires dopé par les services cloud et les ventes d'applications SaaS, mais le prix à payer pour rester dans la course face aux principaux fournisseurs de cloud hyperscale a fait chuter son bénéfice global. Lors de la conférence téléphonique qu'il a eu jeudi avec les analystes après l'annonce des résultats, le président et CTO d'Oracle, Larry Ellison, a énuméré la longue liste de clients prestigieux récemment conquis par l'entreprise. Dans le secteur des services financiers, Oracle a signé avec la TD Bank, la Silicon Valley Bank, la Société Générale en France, et le fournisseur devrait bientôt conclure un accord avec BNP Paribas, comme l'a déclaré M. Ellison, selon une transcription de Seeking Alpha. Parmi les derniers clients des logiciels ERP et HCM (gestion du capital humain), M. Ellison a cité Tata Steel, Rogers Communications, BAE Systems, Canon et Zoom. Et quand, au cours de la conférence téléphonique, on a demandé au CEO d'Oracle, Safra Catz, s'il confirmait l'information de Reuters concernant un possible accord avec TikTok, qui permettrait à Oracle d'héberger toutes les données du réseau social axé sur la vidéo aux États-Unis, et donc de retirer certaines activités à Google où il stocke actuellement certaines données, celui-ci est resté discret, répondant simplement qu'Oracle avait « une bonne relation » avec le réseau social.

Une base cloud en augmentation

En termes de croissance de sa base utilisateurs de cloud, Oracle peut être fier de ses résultats. Pour le troisième trimestre, le chiffre d'affaires du cloud (IaaS et SaaS) d'Oracle, qui s'est terminé le 28 février, s'est élevé à 2,8 milliards de dollars, en tenant compte de l'effet des fluctuations monétaires, qui sous-évaluent la valeur des ventes en dollars des entreprises internationales quand le dollar est fort, comme c'est le cas actuellement, soit une augmentation de 24 % par rapport à la même période de l'année précédente. « Cela porte le chiffre d'affaires de l'IT dématérialisée pour l'ensemble de l'exercice à 11,2 milliards de dollars, en hausse de 26 % », a indiqué M. Catz. « C'est également le taux de croissance organique le plus élevé depuis que nous avons commencé notre transition vers le cloud. Nous avons enregistré une surperformance générale dans tous les segments. Et pour la première fois depuis plus de 10 ans, tous les segments de notre activité ont connu une croissance », a encore déclaré M. Catz.

Les revenus et l'usage de l'infrastructure en particulier, ont aussi augmenté. « Si l'on exclut les services d'hébergement traditionnels, les services d'infrastructure cloud ont augmenté de plus de 60 %. Et je pense que le taux de croissance des revenus d'infrastructure devrait augmenter au fil du temps. La consommation d'Oracle Cloud Infrastructure, qui comprend la base de données autonome, a augmenté de 93 %, soit bien plus que le trimestre précédent », a aussi déclaré M. Catz. Cette croissance du cloud est, certes, une bonne nouvelle pour Oracle, mais le fournisseur reste à la traîne des leaders du marché que sont Microsoft, AWS et Google. Et la concurrence est rude. Par exemple, à titre de comparaison, Microsoft a déclaré 22,1 milliards de dollars de revenus liés au cloud au dernier trimestre, soit une hausse de 32 % par rapport à l'année précédente. Le gros problème pour Oracle, c'est que le maintien de cette dynamique de croissance de son propre cloud coûte cher à l'entreprise.

Les dépenses de R&D et de services en augmentation

Alors que le revenu global, incluant les services et le support des licences, a augmenté de 4 % d'une année sur l'autre pour atteindre 10,5 milliards de dollars, le revenu net a plongé de 54 % à 2,3 milliards de dollars. Cette chute est essentiellement liée aux dépenses d'exploitation des services cloud et aux dépenses de support des licences, qui ont augmenté de 23 % pour atteindre 1,3 milliard de dollars, aux dépenses de vente et de marketing, qui ont augmenté de 5 % pour atteindre 2 milliards de dollars, et aux coûts de la R&D, qui ont augmenté de 12 % pour atteindre 1,8 milliard de dollars.

Malgré le défi que représentent ces coûts de la concurrence, M. Ellison pense que la demande à venir va augmenter et prévoit une adoption accélérée des offres cloud d'Oracle. « Je ne pense pas que ce boom est comparable à celui qui avait eu lieu en 2020 dans le sillage de la pandémie, où les gens se précipitaient vers le cloud, et que cela va ralentir par la suite », a déclaré M. Ellison. « Je crois au contraire que nous n'en sommes qu'aux prémices. Même si nous comptons aujourd'hui 10 000 clients Oracle ERP Fusion, et près de 30 000 clients au total, si nous incluons NetSuite, je pense que nous n'en sommes qu'au tout début. Et que cette croissance va aller en s'accélérant toujours plus ».