Il était très attendu, le rapport sur l’enquête interne diligentée par Stéphane Richard, PDG d’Orange pour éclaircir les origines de la panne des numéros d’urgence du 2 juin 2021 vient de tomber. Il confirme qu’un problème logiciel est la cause dans cette défaillance. Dans un communiqué, il est indiqué que « ce dysfonctionnement est la conséquence d’un bug dans les logiciels des calls servers. Ce bug s’est activé suite à des commandes usuelles de reconnexion, perturbant le fonctionnement global des calls servers malgré leur redondance entre les six sites distincts ».

Est-ce en raison d’une opération de maintenance, comme l’évoquait le ministre de la Santé, Olivier Véran ? L’opérateur esquive en parlant d’« une opération de modernisation et d’augmentation capacitaire du réseau, débutée début mai, pour répondre à l’accroissement du trafic ». Pour bien comprendre, le système des appels d’urgence fait cohabiter deux technologies télécoms : le réseau commuté (RTC) vieillissant (et qu’Orange veut faire disparaître) et la téléphonie sur IP (à travers les box Internet par exemple). L’opérateur doit donc réaliser une passerelle entre ces deux mondes et c’est sur cette interconnexion que le bug logiciel est arrivé.

Un équipementier réseau et l’Etat pointés du doigt

Dans son communiqué, Orange pointe du doigt « un partenaire fournisseur des équipements concernés » sans pour autant le citer. Notre confrère du Figaro a pu savoir qu’il s’agissait d’un équipementier européen, mais il ne s’agirait « ni de Nokia, ni d’Ericsson ». Pendant cette période environ 11 800 appels, soit 11% du total d’appels, n’ont pas été acheminés vers les services d’urgence. Les résultats de l’enquête d’Orange devront maintenant être confrontés à l’audit mené par l’ANSSI à la demande du gouvernement.

Dans sa communication, l’opérateur pousse des recommandations pour éviter que de tels événements se reproduisent. Il y a bien sûr les enseignements sur la gestion de crise avec des axes d’amélioration comme la mise en place d’un numéro dédié, disponible 24h sur 24h et 7 jours sur 7 ou l’envoi de SMS. Mais le principal message est à l’attention de l’Etat qui doit moderniser le réseau des services d’urgence vers les technologies IP. De quoi faire grincer des dents au moment où Orange est accusé de ne pas investir suffisamment dans la maintenance du réseau cuivre.