Quelques dizaines d'heures après la publication par l'Union européenne de son plan d'action pour sécuriser le déploiement de la 5G sur l'ensemble des territoires de ses 28 membres, Orange vient de faire une annonce de taille. L'opérateur télécoms a officiellement d'indiqué qu'il compte s'appuyer sur Nokia et Ericsson pour déployer son réseau 5G dans l'Hexagone. « Nous sommes ravis de poursuivre notre collaboration avec Nokia et Ericsson, deux partenaires clés, de longue date, afin de déployer ce nouveau réseau puissant et innovant », a indiqué Fabienne Dulac, directrice générale adjointe d'Orange France dans un communiqué.

Cette annonce intervient alors que le PDG de l'opérateur, Stéphane Richard, avait indiqué lors de ses voeux à la presse le 23 janvier 2020 qu'il s'opposait à l'exclusion de Huawei du marché européen de la 5G. Mais compte-tenu de la position de l'Europe qui enjoint ses membres à ne pas sélectionner pour leur projet ddes entreprises « à haut risque » - désignant implicitement mais sans jamais les nommer, des acteurs comme Huawei -, Orange a semble-t-il préféré jouer la carte de la sécurité pour être en mesure de déployer rapidement un réseau rentrant dans le moule des contraintes imposées par l'Europe. Une situation qui ne plait pas à la Fédération Française des Télécoms et a fait sortir de ses gonds son président, Arthur Dreyfuss. Ce dernier estime que l'interdiction pour les opérateurs d'utiliser des équipementiers télécoms chinois les « empêche de faire leur métier », ouvrant la voie à une possible demande de dédommagement pour compenser la nécessité d'investir dans des infrastructures réseaux et des mises à niveau qu'ils n'avaient pas vu venir. Reste à savoir si Orange, qui utilise de l'équipement Huawei à l'étranger - mais officiellement pas en France - montera au créneau, aux côtés de SFR, Bouygues et Free, pour défendre ses intérêts.

Ericsson décroche la 5G d'Orange en Ile-de-France

Le premier opérateur télécoms français s'est donc tourné pour le déploiement de son réseau 5G vers les équipementiers européens. Nokia apporte ainsi sa technologie Single RAN couplée à des outils d'automatisation et de gestion réseau ainsi que des services professionnels associés. « Nokia fournira également sa solution AirScale basée sur la technologie 5G New Radio (5G NR) et les logiciels associés pour les nouvelles bandes de fréquences 5G », peut-on lire dans un communiqué.

Ericsson a quant à lui a été choisi pour fournir ses solutions de la gamme ERS (Ericsson Radio System) couplées à des services de maintenance et de déploiement. Le partenariat avec Nokia concerne les régions Ouest et Sud-Est, zones sur lesquelles le Finlandais est déjà fournisseur de 2G/3G/4G sur la partie accès du réseau mobile (RAN). Avec Ericsson, l'accord concerne un déploiement dans les régions Nord-Est, Sud-Ouest et Ile de France/Paris. « Nous avons plus de régions que Nokia, ce qui était déjà le cas sur la 4G », nous a indiqué un porte-parole d'Ericsson contacté pour des précisions sur le partenariat, au même titre que Nokia et Orange. « Le contrat ne porte que sur du RAN, la partie radio. Nous mettons à disposition nos solutions ERS mais nous ne détaillons pas le reste, chacun ayant ses zones [...] Je ne peux pas vous en dire plus, Orange ne veut pas que l'on rentre trop dans les détails ». 

MAJ du 31/01/2020 à 17h04. Suite à notre demande de précisions, Orange a apporté les détails suivants : « Il s’agit d’acheter à Nokia et Ericsson ce qu’on appelle le GNodeB, c’est-à-dire l’ensemble de la station de base 5G, incluant la basebande (processing) et les amplificateurs de puissances inclus dans les antennes massive MIMO. De même en 2G/3G/4G, nous achetons l’ensemble de ce périmètre (hors antennes passives). Concernant le logiciel, il s’agit du logiciel tournant sur ces stations de base, et nous déploierons successivement les différentes versions proposées par Nokia et Ericsson. »