C’est la double peine pour Stéphane Richard. Le PDG d’Orange a proposé hier sa démission au Conseil d’administration de l’opérateur, après avoir été condamné dans la matinée par la Cour d’appel de Paris à un an de prison avec sursis. Une décision prise dans le cadre de l’affaire de l’arbitrage entre le Crédit Lyonnais et Bernard Tapie. Stéphane Richard était à l’époque le directeur de cabinet de la ministre de l’Economie, Christine Lagarde. Relaxé en première instance, il avait pu sereinement prétendre à un second mandat à la tête d’Orange.

Mais avec cette condamnation, pas question de solliciter un troisième mandat et encore moins de rester à la tête d’Orange. Bruno Lemaire, ministre de l’Economie, avait souvent indiqué que s’il y avait une condamnation, Stéphane Richard devrait remettre son mandat. C’est donc sans surprise que le Conseil d’administration a accepté la démission de Stéphane Richard. Néanmoins, il restera en poste jusqu’au 31 janvier 2022.

Un groupe en pleine mutation

Pendant cette période, le Conseil va chercher un remplaçant. Le syndicat CFE-CGC du groupe Orange a indiqué dans un communiqué souhaiter une transition sereine et prône une ouverture des candidatures à « des personnalités extérieures à l’entreprise qui doivent apporter un regard et des compétences nouvelles ». Déjà plusieurs noms circulent, selon Reuters, pour son remplacement comme Fabienne Dulac, patronne d’Orange France ou Michael Trabbia, responsable de l’innovation, les noms d’Alexandre Bompard, PDG de Carrefour et Delphine Ernotte, présidente de France Television sont également cités. La plupart de syndicats du groupe salue le travail mené par Stéphane Richard pour la sortie de la crise sociale de l’opérateur. Le dirigeant avait pris les rênes de l’opérateur télécom en 2010, période marquée par plusieurs suicides de collaborateurs.

Stéphane Richard laisse donc un groupe en pleine mutation. Sur la partie télécom, il a misé sur l’accélération du déploiement de la fibre optique et il a réussi à contenir l’arrivée de Free Mobile sur le marché de la téléphonie mobile en signant un accord d’itinérance juteux. Il avait été mis sur la sellette en juin dernier après la panne massive sur les numéros d'urgence.

Sur la partie entreprise, les choses sont plus mitigées avec une sanction de 350 millions d’euros de la part de l’Autorité de la concurrence en 2015 pour avoir freiné le développement de la concurrence dans ce secteur. Le virage du cloud a été aussi laborieux avec l’aventure Cloudwatt et la naissance encore nébuleuse de Bleu avec Microsoft et Capgemini. Par contre, il a investi dans Orange Cyberdéfense, reconnu comme un acteur majeur dans le domaine de la cybersécurité. Le successeur de Stéphane Richard aura donc plusieurs chantiers à mener au sein du groupe pour accélérer cette mutation et pour dynamiser le cours de bourse d’Orange…