C'est une lettre envoyée par Octave Klaba, fondateur de d'OVH sur ses listes de diffusion et sur le forum de la société qui met le feu aux poudres. Dans celle-ci, le patron de l'hébergeur français dénonce les méthodes peu scrupuleuses auxquelles Apple aurait recours. Des arguments qui ne semblent pourtant pas toujours pertinents. Pour la petite histoire, c'est en 2011 qu'OVH pénétrait le marché avec son offre de stockage cloud HubiC. Cette année, comme iCloud et DropBox, deux acteurs majeurs du marché, le français proposait ses applications Android et iOS pour un accès aux données en toute mobilité. Problème : depuis trois mois, impossible de mettre l'application à jour l'app iOS, Apple ne la valide pas. Selon Octave Klaba, cette impossibilité de mettre à jour représente un handicap considérable pour la firme, qui ne peut ainsi pas apporter les améliorations (telle que la synchronisation hors ligne) nécessaires à la compétitivité face à des acteurs comme Google Drive, DropBox ou encore iCloud.

OVH, DropBox et Google Drive: des conditions pourtant similaires ?

 Octave Klaba s'en prend donc à la politique exclusive de la firme à la pomme en dénonçant l'obligation faite aux éditeurs de solutions de proposer leurs offres in-app sans possibilité de passer par une plateforme tierce avant de dénoncer une concurrence déloyale : "Aucun de nos concurrents autre que Apple n'est obligé de le faire". Sur le papier, les arguments du fondateur d'OVH semblent bien légitimes. Toutefois, comme le souligne MacGeneration, DropBox ou encore Google Drive sont bien obligés, eux aussi de passer par un achat in-app pour proposer leurs produits, laissant au passage 30% de commission à la firme à la pomme. Depuis bien longtemps déjà, Apple interdit en effet à tout éditeur d'application d'intégrer un lien vers une page externe dans son application pour finaliser une transaction, tous les achats devant s'effectuer in-app. Le plus intelligent dans l'histoire aura peut être été Microsoft. La firme de Redmond ne propose en effet aucun moyen de s'abonner au sein de l'application. 

OVH accuse Apple de vouloir changer les mots de passe

Fait plus inquiétant: Octave Klaba affirme dans sa missive que la firme de Cupertino tente de l'obliger à abandonner son système d'authentification pour utiliser celui des ID Apple. Une information qui paraît peu probable aux vues des méthodes utilisées par les autres services de cloud disponibles sous iOS, qui utilisent des identifiants et des mots de passe bien différents de ceux des utilisateurs Apple. Selon Octave Klaba, cet "acharnement" contre OVH serait pourtant du au Patriot Act: "nous ne sommes pas soumis à Patriot Act et on voit qu'il y a une différence de traitement vis-à-vis de nos concurrents américains qui eux sont soumis à Patriot Act. On n'arrive pas à s'empêcher de penser que quelqu'un n'est pas content qu'il existe un système de stockage cloud qui échappe aux regards indiscrets et qu'il est impossible de savoir ce qu'il s'y passe. Combien de clients ? Qui sont nos clients ? Qu'est-ce qu'ils stockent sur HubiC ? Oui, HubiC est sous le radar de Patriot Act et ça fait désordre".

Les règles d'Apple: inchangées

Pourtant, Bajoo, fournisseur de solution cloud au même titre qu'OVH et ne tombant pas sous le coup du Patriot Act, offrait aussi la possibilité de souscrire à une offre depuis l'application sans passer par le système in-app d'Apple. Conséquence, l'application ne cessait d'être rejetée. Toutefois, après avoir retiré la possibilité de créer un compte et tout lien vers le site de l'éditeur, celle-ci a de suite été validée. Ainsi, si les arguments d'Octave Klaba peuvent paraître tout à fait légitimes, les règles d'Apple n'ont pourtant jamais changé. Stricte et très cloisonnée, la firme a toujours procédé de la sorte. Le problème d'Octave Klaba n'est donc pas nouveau. Une seule question dorénavant: Octave Klaba cèdera-t-il aux attentes d'Apple et si oui, son application sera-t-elle finalement acceptée ? Pour le moment, aucune raison de penser le contraire...