Les fournisseurs d'accès à Internet européens doivent prendre leur part dans la lutte contre le téléchargement illégal. C'est le message adressé par l'Ifpi (International federation of the phonographics industries), le représentant des acteurs de l'industrie musicale, dans un document qui résonne comme un écho aux conclusions de la mission Olivennes. De fait, estime, l'Ifpi, plus de 20 milliards de téléchargements d'oeuvres musicales ont été réalisés en 2006. Un chiffre qui devrait suffire, à lui seul, à convaincre les FAI à ne plus seulement collaborer avec les ayants droit dans le cadre de procédures judiciaires, mais également en amont, sous forme de prévention. Et l'Ifpi de proposer trois mesures « ni pesantes, ni onéreuses » visant à mieux fliquer les comportements des internautes. La fédération évoque en premier lieu la mise en place d'une solution de filtrage des contenus consistant à surveiller les échanges de fichiers audio numériquement marqués dans certains points du réseau. Les fichiers détectés seraient alors bloqués et ne pourraient plus être échangés sur le réseau du FAI. L'Ifpi réclame ensuite la possibilité de bloquer certains types de protocoles. « Il est possible pour les FAI de bloquer l'accès de leurs clients à des services de P2P spécifiques, connus pour être majoritairement impliqués dans la violation du droit d'auteur et avoir refusé de mettre en place des mesures pour l'empêcher », explique la fédération. Il devrait donc être possible, aux yeux de l'Ifpi de stopper certains protocoles pair à pair, sans toucher aux protocoles relatifs aux emails ou au Web. Enfin, le groupement des industries musicales désire que les FAI empêchent certains de leurs abonnés d'accéder à des sites ou des services en ligne particuliers, notamment ceux installés à l'étranger ou refusant de se soumettre aux desiderata des ayants droit. L'Ifpi cite ainsi l'exemple de The Pirate Bay, installé en Suède. Dans son rapport remis à la Présidence de la République à la fin du mois de novembre, la mission Olivennes prévoit le filtrage des réseaux P2P à titre expérimental. Un projet que ne goûtent guère les FAI français, lesquels estiment par la voix de l'AFA (Association des fournisseurs d'accès et de services Internet) qu'il « pose de gros problèmes de compatibilité avec le droit français et européen » et qu'il est peu réalisable techniquement.