Lors d’un point presse consacré au lancement de la dernière Livebox v4, Fabienne Dulac, directrice exécutive d'Orange France qui a succédé l’an dernier à Delphine Ernotte partie chez FranceTV, est revenue sur les dernières annonces du groupe et les développements à venir. Avant de parler de la fibre et de la dernière box d’Orange, plusieurs sujets ont été abordés et notamment l’arrivée de la 5G en France. Sur cette évolution majeure pour les communications très haut débit mobile, la dirigeante a été très claire : il n’y aura pas de déploiement commercial avant 2025. « 10 ans sont nécessaire pour amortir un réseau et nous venons juste de lancer la 4G [en avril 2013 en fait]. Nous pourrons déployer en 2023 s’il le faut mais la 4G couvre aujourd’hui les besoins actuels ». Une décision surprenante quand on sait que SK Telecom compte lancer sa 5G dès 2017 avec Ericsson afin d’être prêt pour les jeux Olympiques d’hiver de 2018 à Pyeongchang et une montée en puissance nationale jusqu’en 2020.

Les bénéfices attendus avec la 5G sont principalement une meilleure latence (pour optimiser les liaisons entre des voitures connectées ou le pilotage à distance d’équipements comme des robots), des débits plus élevés (pour servir des centaines ou des milliers de mobiles) et surtout une meilleure gestion des couches réseaux virtuels afin de proposer des services spécifiques (débit et latence différentes en fonction des usages IoT ou smartphones). La partie software layer permet de contrôler très précisément les débits comme la latence avec une plate-forme SDN, et donc de répondre à plusieurs besoins avec une seule infrastructure. Orange a commencé à faire des tests en 4G sur les ondes millimétriques pour la 5G à Belfort et d’autres expérimentations grandeur nature vont se poursuivre en 2018 et 2019.

5 milliards de perdus en 4 ans 

Une des raisons invoquées par Fabienne Dulac pour expliquer le prochain retard français dans les technologies très haut débit est un chiffre éloquent : « 5 milliards d’euros ont été perdus en 4 ans sur le marché des télécoms français ». Une perte de valeur et de chiffre d’affaires suite à la guerre des prix déclenchés par Free sur le marché des mobiles et plus récemment par SFR sur les connexions à Internet. « Regardez SFR qui a gagné autant de clients qu’il en perd ». C’est le problème sur un marché d’inspiration libérale (avec l’Arcep en gendarme), la concurrence féroce fait baisser les prix et ensuite les consommateurs sont libres de choisir un tarif ou un service de qualité. Le principal problème chez Orange reste toutefois la politique des options obligatoires qui font fuir les clients notamment avec les forfaits les plus chers comme la fibre Jet. La TV est imposée, la suite sécurité Orange sur base Kaspersky également, les 100 Go dans le cloud Orange idem… Un utilisateur qui ne demande que du très haut débit sans options inutiles est encore et toujours obligé de payer le prix fort faute de concurrence sur la fibre dans certaines villes.

Quelques semaines avant Free, Orange a présenté sa Livebox v4 qui sera disponible le 19 mai. (crédit : D.R.)

Et ce n’est pas l’arrivée - le 19 mais prochain - de la dernière Livebox - la v4 - qui va changer la donne. Les tarifs augmentent pour commencer : 39,99 euros par mois pour l'offre Livebox Play et 47,99 euros par mois pour le forfait Jet en ADSL contre 44,99 et 52,99 pour la fibre. Auxquels il faut encore ajouter 3 euros pour la location du décodeur TV et une caution de 50 euros. Il n’est pas donc possible de dissocier la partie TV- inutile pour beaucoup - mais le décodeur est en sus ! Les tarifs deviennent vraiment très chers avec ces options particulièrement superfétatoires. Et le débit ne change pas notamment en fibre. L’option Jet est toujours à 500 Mbits descendant et 200 Mbits montant, et le passage à 1 Gigabit se fait encore au compte-goutte avec la mise à jour des NRO en 10 Gigabits (10-Gpon). Interrogée sur ce dernier point, Fabienne Dulac a botté en touche en indiquant qu’Orange ne dévoilait pas de roadmap pour le passage à 10 Gigabits dans les NRO et le Gigabit pour les abonnées Jet.

Un design quelconque mais du WiFi 802.11ac

Si le design de cette Livebox 2016 est vraiment quelconque, comme la précédente d’ailleurs, le plus intéressant est à l’intérieur. Les équipes d’orange ont travaillé avec Sagem, qui fabrique la box, pour monter en gamme et mieux intégrer les composants. Le convertisseur fibre optique par exemple est désormais interne et au format SFP – attention c’est un petit module métallique optionnel qui doit être inséré à l’arrière du modem – il n’est plus nécessaire de brancher un bloc supplémentaire avec une alimentation externe. Une bonne chose, si on considère qu’aujourd’hui avec une Livebox v3 fibre il faut encore brancher 4 alimentations externes différentes si on compte le modem, le décodeur TV, le convertisseur optique et le boitier femtocell... Un vrai bonheur dans un salon.

Architecturé autour d’un chipset Broadcom 63138 (ARM A9 double cœur), le modem de la Livebox 2016 devrait faire le job et assurer les fonctions essentiels puisqu’il s’annonce plus performant que la puce Ikanos Vx185 de la Livebox v3. La partie la plus intéressante est l’arrivée du WiFi 802.11ac qui travaille dans les bandes de fréquence 2,4 GHz (216 Mbit/s) et 5 GHz (1,7 Gbit/s). La pénétration du signal dans les appartements et les maisons devrait être meilleur hors cage de Faraday. La partie stockage a été revue avec la présence d’un disque dur amovible de 1To (de série sur Jet, option à 5€/mois avec Play). Les équipes d’orange ont soigné l’intégration de la fonction NAS puisqu’il est possible de facilement retrouver ses données en local ou en mode cloud (serveur Samba et UPNP) et même de créer des volumes locaux partagés avec accès sécurisé pour tous les membres de sa famille. Dernière nouveauté, la présence d’un modem 4G nomade Huawei baptisé Airbox Confort (gratuit pour les abonnés Jet et 5€ par mois pour les autres) qui pourra servir de passerelle réseau de secours en cas de panne ADSL ou fibre et de point d’accès WiFi en déplacement. Mais attention seules, 2 Go de données par mois sont comprises (10 Go en cas de panne fibre ou ADSL). Comme avec ses forfaits mobiles, Orange est toujours aussi radin sur les données mobiles et se montre incapables de s’adapter aux nouveaux besoins des utilisateurs (Free fournit 50 Go en 4G). Fabienne Dulac nous a simplement expliqué qu’en France 2% seulement des abonnées mobiles d’Orange dépassaient les 8 Go de données par mois. La moyenne étant de 1,3 Go par mois en 3G/4G.

4K pour les clients équipés 

Le décodeur TV de la Livebox 2016, avec un disque dur de 450 Go, repose quant à lui sur une puce Broadcom 7251 capable de traiter des flux 4K avec la fibre. Pour ceux que ça intéresse, Orange a prévu de diffuser des matchs de l'Euro 2016 (TF1 et M6 en UHD) et lancera une chaine UHD sur la nature pour regarder de jolis animaux sauvages et des contrées immaculées. NetFlix proposera aussi des contenus UHD. Nous reviendrons à la fin du mois sur cette box 2016 à l’occasion d’un test mais aujourd’hui beaucoup d’utilisateurs attendent la prochaine box de Free - dévoilée le 21 mai prochain - pour comparer les offres. Une chose est déjà sûr, les tarifs d’Iliad seront bien inférieurs et dépourvus d’options inutiles.