Les métiers du numérique et de l'ingénierie sont, de loin, les plus en tension. Selon la dernière note de conjoncture de l’Apec, 92% des entreprises ont déclaré vouloir recruter des cadres informaticiens au cours du 4e trimestre 2019. Dans le même temps, l’association note que les offres d’emploi destinées aux informaticiens font partie de celles qui attirent le moins de candidats. Dans un marché en pénurie, quelles sont les actions qui permettraient d’attirer des candidats vers les métiers du numérique ? Comment faire pour garder précieusement les compétences une fois en place ? Pour Didier Zeitoun, président du groupe de conseil IT Magellan Partners, dans le secteur numérique, l’offre de formation initiale reste trop insuffisante pour répondre aux besoins d’une demande en profils qualifiés qui risque de s’intensifier dans les prochaines années. « L’une des problématiques relève de l’Education nationale », pointe le dirigeant. « L’Etat doit poursuivre ses efforts et agir pour multiplier les écoles d’informatique formant des candidats de niveau Bac+3 à Bac+5 et qui ne sont pas assez nombreuses », recommande- t-il.  

Dans ce domaine, des initiatives telles que les écoles d’IA de Microsoft/Simplon labelisées Grande école du numérique (GEN) tant en Ile-de-France qu’en régions fonctionnent plutôt bien, juge le dirigeant. « En proposant gratuitement des formules en alternance accessibles à tous, ces centres génèrent des compétences autour de technologies porteuses particulièrement appréciées des recruteurs », ajoute-t-il. Autre piste évoquée par le fondateur du groupe Magellan pour renforcer l’attractivité de la filière informatique : l’organisation de conférences-débats, de webminars ainsi que de forums entre étudiants et professionnels du secteur. « Les entreprises doivent investir dans la communication autour de leur activité et ne doivent pas se limiter à la tenue d’un unique forum/école par an », insiste le président de Magellan Partners. Pour lui, la mise en avant des recruteurs et de leurs métiers semble être une condition sine qua non pour recruter bien et vite dans le domaine de l’IT. « Les GAFA l’ont bien compris et n’ont aucune difficulté à recruter à chaque sortie de promo », précise-t-il. « D’autant plus que beaucoup de bons profils SI sont chassés sans même être en recherche active ce qui complexifie encore cette situation », poursuit le dirigeant.  

Miser sur le bien-être des collaborateurs pour les fidéliser

La qualité de vie au travail peut aussi constituer un élément déterminant pour booster l’expérience collaborateur. « La mise en place du télétravail est un argument attractif pour le recrutement dans le secteur informatique où le marché de l’emploi est ultra tendu », témoigne Didier Zeitoun. Au sein du groupe Magellan Partners, les consultants peuvent télétravailler de façon occasionnelle ou bien récurrente depuis deux ans et ils apprécient ce mode de fonctionnement, nous indique son représentant. Pour retenir ses troupes, l’entreprise s’est également attachée à mettre en place un mode de management moins hiérarchique, ainsi que des évaluations continues plutôt qu’annuelles. 

Outre ces méthodes, d'autres outils comme les solutions à base d’IA peuvent aussi aider des recruteurs à repérer, valoriser et surtout fidéliser des compétences informatiques que tout le monde s’arrache. « Nous avons noté que seules 20% des DRH avaient connaissance des compétences de leurs collaborateurs en interne, confie Loïc Michel, co-fondateur et directeur général de l’éditeur 365Talents. « La guerre des talents devenant un enjeu important dans un marché toujours plus concurrentiel, développer l’engagement et la motivation des collaborateurs constitue l’une des clés », a-t-il ajouté.  

L'IA au service du développement de carrière

Pour veiller à la bonne intégration et au suivi de carrière des équipes, 365 Talents a développé une solution RH a base d’IA qui intervient tant au niveau du pilotage des salariés et de leur mobilité, que du processus de staffing et de  l’évolution de parcours. L’intelligence artificielle et plus particulièrement le deep learning automatise l’analyse des données non structurées disponibles dans les profils des collaborateurs et les opportunités de développement (projets, missions, postes, métiers, formations…). Cette analyse à grande échelle détecte les facteurs de compatibilité les plus forts entre un collaborateur et une opportunité, pour s’assurer de la qualité et de la pertinence des suggestions. « L’application aide les collaborateurs a se construire un profil dynamique en leur fournissant un accès à des données, comme des projets en cours, des informations RH, ainsi qu’à une communauté d’autres salariés avec lesquels ils partagent des intérêts communs », précise Loic Michel. Dès lors qu’ils sont détectés, les atouts des collaborateurs, leurs compétences, appétences, expériences, centres d'intérêt, et motivations peuvent ainsi conduire à une meilleure gestion et de ce fait à une rétention du capital humain.