Bien connu pour ses contrôleurs pour lecteurs NAND flash, le taiwanais Phison (2 milliards de dollars de revenus en 2022 et 4 000 employés dans le monde) est également un grand fabricant de SSD, comme nous l’a expliqué Michael Wu, président de Phison USA, lors d’un IT Press Tour dans la Silicon Valley. « Nous achetons 16 exaoctets de NAND flash par an pour produire des SSD, équipés de nos contrôleurs, qui seront ensuite vendus par d’autres sous leur nom. Nous mettons toujours le nom de quelqu'un d'autre dessus ». Si Phison conçoit des contrôleurs (des composants de type ASIC intégrant un microcontrôleur MCU souvent de type ARM), des PCB (circuits imprimés) et des produits finis, la société ne fabrique pas de NAND flash et doit donc l’acheter aux principaux fabricants du marché, à savoir Samsung, Kioxia, Micron ou SK Hynix. 10% des commandes de Kioxia proviennent ainsi de Phison, nous a assuré le dirigeant.

Depuis 20 ans, Phison a conçu et fabriqué une grande variété de produits reposant sur de la NAND flash. (Crédit S.L.)

L’expertise de la société se concentre dans le développement de composants clefs et le design de SSD pour des entreprises comme Micron ou Seagate. Sans ces contrôleurs et les algorithmes associés pour piloter les différents types de SSD (Sata, SAS ou NVMe aux formats E.3, U.2, M.2 ou encore EDSFF), certains fournisseurs de lecteurs flash seraient à la peine et obligés de mobilier des ressources importantes pour concevoir ces composants clefs. En 2022, il s’est ainsi vendu 244 millions de SSD dans le monde, et 26% de ces produits intégrés un composant Phison. Parmi les produits équipés citons le Kingston KC3000, le Sabrent Rocket 4 Plus, le Patriot Viper VPR100 et le Seagate FireCuda 530. Des SSD pour PC de type tour ou portable. Le Taiwanais n’est toutefois pas le seul fournisseur de contrôleurs sur le marché : parmi ses concurrents, citons JMicron, Marvell, SanForce ou encore Silicon Motion.

Une des usines de Phison à Miaoli County (Taïwan). (Crédit Phison)

Montée en gamme pour séduire les entreprises 

À côté de ces activités de conception de contrôleurs (ASIC) et de production de SSD en marque blanche pour PC et consoles de jeux, Phison a mis en place un centre de design baptisé Imagine+ pour développer des SSD pour datacenter (serveurs et baies de stockage) à destination des fournisseurs, mais également des entreprises et des opérateurs de services cloud. Seagate, partenaire de longue date du taiwanais - depuis le lancement du Nytro 141 en 2017 – exploite ainsi la plateforme PS5020-X1 (utilisant le contrôleur E20) pour ses SSD entreprise Nytro 5350 et 5550. Offrant une capacité de 2 à 32 To dans un facteur de forme U.3/U.2, toujours en PCIe 4.0 (NVMe 1.4), le SSD PS5020-X1 exploite de la NAND flash SK Hynix (TLC 3D 128 couches) et revendique des performances de 7,4 Gb/s en lecture séquentielle et 6,9 Gb/s en écriture séquentielle. Selon Phison, deux cœurs ARM R5 et des dizaines de petits coprocesseurs sont utilisés pour paralléliser et accélérer le traitement des données, tout en augmentant - grâce à l’IA - la durée de vie des cellules flash en optimisant le placement des données. Chez Seagate, la série 5350 est conçue pour les charges de travail intensives en lecture et légères en écriture tandis que la série 5550 se destine aux charges de travail mixtes. 

 

Avec le PS5020-X1, Phison monte en gamme sur le marché des SSD pour s'implanter dans les datacenters. (Crédit Phison)

Dans sa roadmap, Phison travaille sur l’intégration du PCIe 6.0 et du CXL, arrivée depuis peu dans les derniers serveurs exploitant des puces Intel Xeon Sapphire Rapids et AMD Epyc Genoa. Des SSD avec une double fonction PCIe, NVMe et CXL, sont par exemple à l’étude. « La NAND pourra ainsi être considérée comme de la DRAM, mais avec de l’intelligence embarquée dans le SSD », nous a expliqué le CTO de Phison Sebastien Jean. Les produits CXL sont attendus dans les 2 à 3 ans. 

La feuille de route de Phison prévoit d'augmenter la capacité de stockage des SSD, jusqu'à 64 To pour le X2 (U.2). (Crédit S.L.)