Créée en 1926, Poclain est une entreprise de taille intermédiaire (ETI) spécialisée dans la conception, la fabrication et la commercialisation de transmissions hydrostatiques et électrohydrauliques. Ce groupe français basé dans l'Oise est implanté dans vingt pays et compte 2300 collaborateurs. Pour se différencier, il conçoit pour ses clients des composants à façon, intervenant très en amont. Ce modèle nécessite une grande agilité à tous les niveaux, y compris dans le système d'information. L'entreprise a donc décidé de se doter d'outils adaptés à ces enjeux. Parmi eux figure la plateforme d'intégration de données et d'API Mulesoft, qui contribue à décloisonner l'information et augmente la réutilisabilité des services.
« Aujourd'hui, nous sommes dans un modèle OEM (original equipment manufacturer). Nous fournissons à nos clients des solutions dès la R&D, avec un produit à façon qu'ils intègrent sur leurs différents prototypes. Notre R&D doit donc identifier les opportunités avant même celle de nos clients, pour leur proposer des pistes d'innovation », explique François Delys, responsable des données et de la livraison de services informatiques chez Poclain. « Toute la chaîne doit donc être très agile, car les marchés peuvent changer les spécifications en cours de route et nous ne sommes pas sur des marchés de volume ». Pour développer encore davantage ce savoir-faire et augmenter son chiffre d'affaires, le groupe a entrepris de bâtir un système d'information de ventes entièrement tourné vers cette finalité, avec une information qui n'est pas cloisonnée, et qui est propagée partout. Grâce à un virage numérique entamé il y a une vingtaine d'années, Poclain dispose en effet de nombreuses données, remontées par ses dispositifs industriels, son infrastructure IoT (Internet des objets) et ses applications métiers. « Nous avons initié une réflexion autour de ces outils et services, afin de mieux les exploiter et les monétiser en interne, par exemple à travers de la visualisation de données ou du data-mining », poursuit François Delys. Poclain a choisi le CRM de Salesforce dans cette optique. « Nous avions besoin de répondre à cet enjeu prédominant d'ouvrir le système d'information, historiquement très on-premise. Aujourd'hui, nous nous dirigeons de plus en plus vers le cloud pour optimiser les services », confie le responsable.
Un SI bâti pour le changement
En complément de Salesforce, l'entreprise a aussi opté pour la solution analytique de Tableau. À la suite d'un RFQ (request for quotation) assez complexe, Poclain a également remplacé son bus de services d'entreprise (ESB) par Mulesoft. « Le maître-mot était l'agilité, afin de saisir les opportunités business quand elles se présentent », résume François Delys, « Il y a 20 ans, nous avions la latitude de construire des cathédrales. Maintenant c'est terminé, nous conservons uniquement une exigence, la sécurité. Cela n'a pas de sens d'essayer d'imaginer l'évolution d'une fonctionnalité sur 4 ans », affirme le responsable. À la place, l'enjeu est d'anticiper les changements, en faisant en sorte d'avoir « des « services évolutifs et réutilisables », pointe Florent Maillard, architecte data chez Poclain. Avec le remplacement de l'ESB, il s'agissait de créer un socle d'information agile et rapide, pour offrir un suivi de production presque à façon. La future solution devait aussi faciliter aussi l'exploitation des données lors des acquisitions, les entreprises rachetées quittant leur système d'information pour rentrer dans celui du groupe. Le groupe souhaitait également aller vite dans le déploiement, l'intégration de Salesforce s'étant faite en l'espace de trois-quatre mois. Enfin, un autre critère important dans le choix était de trouver un partenaire disposant d'une communauté active, propageant et partageant du contenu. « Sur les solutions précédentes, nous avions fait appel à des profils rares et coûteux pour certains travaux de sécurité. Disposer de contenus déjà existants est un réel accélérateur », observe François Delys.
Poclain s'est appuyé sur l'intégrateur Cap4 Group pour la mise en oeuvre. « Un intérêt de Mulesoft est la réutilisation, mais cela nécessite aussi de renforcer la technicité de la DSI, afin de pouvoir composer des services en piochant sur étagère. Il faut quitter les cycles en V pour aller vers la livraison continue, afin de suivre la dynamique des ventes », explique François Delys. Pour cette raison, le RFQ prévoyait la mise en oeuvre de DevOps et d'une chaîne CI/CD, afin de pouvoir pousser le nouveau code sans couper le service pour les utilisateurs. L'adoption de ce modèle plus agile pour des équipes habituées aux cycles en V représente toutefois un changement culturel, qu'il faut faciliter à travers des formations et des outils adaptés. L'intégrateur a notamment monté un laboratoire pour le développement et l'architecture, ainsi qu'un autre sur la formation, la supervision des serveurs et la chaîne DevOps. « Nous avions déjà mis en place DevOps sur un projet d'innovation, mais le projet Mulesoft est le premier au coeur de notre système d'information à vraiment plonger sur cette chaîne DevOps. Le but est de l'amorcer sur le reste », souligne Florent Maillard. « Il faut des outils de développement faciles d'accès, qui autodocumentent les changements, et il faut s'affranchir des représentants métiers pour les tests unitaires et fonctionnels, en automatisant ces derniers », note également François Delys. L'équipe essaye d'avoir un taux de couverture maximum de ces tests dans Mulesoft, avec des artefacts qui sont déployés ensuite sur quatre environnements. « Cela permet aussi de faire plus facilement des rollbacks si besoin », ajoute Florent Maillard. Si les formations initiales ont ciblé les équipes IT, l'ETI espère par la suite créer un centre d'expertise afin de toucher un public plus large, notamment parmi ses ingénieurs hydrauliciens.
Faciliter le recrutement
Si la mise en place de la solution a permis d'enclencher le passage à une culture agile, le choix de Mulesoft a également été une façon pour le groupe de répondre à un autre enjeu omniprésent aujourd'hui, les difficultés de recrutement des profils techniques. Même avec une forte automatisation et le low code mis en avant par l'éditeur, Florent Maillard estime qu'il faut tout de même de tels profils si l'on veut mettre en place des applications et services durables et sécurisés. « Dans le contexte actuel, il est nécessaire de ne pas s'enfermer dans un silo technique. Cela représente un risque, car tout repose sur un petit nombre de personnes. Mieux vaut aller sur une technologie qui suit les orientations enseignées dans les écoles. Non seulement cela facilite le recrutement, mais cela aide également à trouver des partenaires et intégrateurs, et cela nous aide aussi à retenir les personnes recrutées », estime François Delys. Les équipes IT apprécient également la relation commerciale avec l'éditeur, ainsi que la communauté, très présente. « Nous trouvons quasiment toujours les ressources dont nous avons besoin et sinon le support est très réactif », souligne Florent Maillard.
À l'heure actuelle, Poclain poursuit le décommissionnement des solutions précédentes. L'entreprise suit également de près la feuille de route de l'éditeur, faisant régulièrement des points mêlant discussions commerciales et R&D avec les équipes de Mulesoft. « Quand on met en place Salesforce, Tableau et Mulesoft, il existe des synergies », pointe François Delys. Parmi les récentes évolutions, le groupe étudie notamment la fonctionnalité de mapping, en vue d'ajouter une couche de gouvernance. Florent Maillard mentionne également les datagraphs. « Nous allons vers un système hybride, avec une collaboration et un travail sur les micro-services, car nous vendons des services de collecte et d'étude des données sur les machines. Ces services ne vont pas se limiter uniquement aux API REST. Les datagraphs sont basés sur GraphQL, ils permettent de requêter différents objets pour ressortir uniquement les données utiles au lieu de proposer 20 API différentes, c'est une autre façon de cibler nos services. Nous pourrions ainsi proposer à certains clients de créer leur propre requête », explique l'architecte data. Enfin, si le projet concerne pour le moment le périmètre commercial et la relation client, l'ETI peut aussi imaginer des usages similaires dans ses usines, « cette fois dans un objectif d'efficience », note François Delys.
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