Né de la fusion de l'ANPE et des Assedic en décembre 2008, Pôle Emploi assure une mission de taille combinant versement d'allocations chômage et accompagnement des demandeurs vers un retour à l'emploi. Pour assurer ses missions régaliennes, Pôle Emploi peut notamment s'appuie notamment sur un système d'information doté, en 2018, d'un budget de 454,79 millions d'euros (versus 446,49 en 2012) pour un total de 1 551 personnes en équivalent temps plein travaillé d'après le dernier rapport de la Cour des comptes. « Il ressort des investigations menées par la Cour sur la période 2012-2019, que la transformation numérique amorcée par Pôle Emploi en 2015 a modifié de manière profonde la nature et les modalités du service rendu par l’opérateur et constitue désormais l’un de ses principaux axes stratégiques. Si la transformation des métiers et de l’organisation a pu être engagée sur une période courte, l’opérateur doit aujourd’hui faire face à des fragilités techniques importantes », ont souligné les sages de la Rue Cambon.

Du mainframe persistant et vieillissant

Alors que les services numériques destinées à la fois aux employeurs (aide à la gestion des offres d'emploi et publication, sélection des profils, conseils pour faciliter le recrutement...) que des demandeurs d'emploi (inscription, actualisation mensuelle, recherche d'offres, conseils pour des formations...) se sont multipliés, en coulisses, la modernisation du socle applicatif et technique apparait à la traine. « Des applications majeures reposent sur un socle (SIGMA) conçu il y a plus de 30 ans [...] Ce socle technique repose sur du « mainframe », ordinateur doté d’une grande puissance de calcul et permettant d’héberger et d’exploiter les applications et les bases de données. Si la maintenance de ces équipements est encore assurée par les éditeurs, il demeure une incertitude quant à la date de fin d’exploitation de ces technologies vieillissantes », pointe la Cour des Comptes. Un constat qui a fait sortir de ses gonds le directeur général de Pôle Emploi,

Jean Bassères, qui a réagi suite à cette publication : « Je tiens à rappeler qu’il ne faut pas réduire, comme semble le faire l’argumentation de la Cour, le SI de Pôle emploi à l’application SIGMA, si bien que l’obsolescence applicative discutée dans son rapport pourrait être comprise comme frappant l’ensemble du SI [...] Une nouvelle trajectoire sur 4 ans a été définie pour réécrire l’application SIGMA et se désengager du mainframe IBM ».

Bisbille entre la Cour des comptes et Pôle Emploi sur l'usage de l'emploi store

Outre des inquiétudes sur le socle technique en fin de vie de Pôle Emploi, la Cour des comptes a également pointé un « risque de confondre autonomie dans l'usage du numérique et autonomie dans la recherche d'emploi », ainsi qu'un bilan décevant sur l'emploi store du service public regroupant des services d'aide à la recherche d'emploi. « L'emploi store reste aujourd'hui encore relativement peu utilisé. Pendant le mois de mai 2019, le nombre de visites ayant réellement donné lieu à l'utilisation autonome d'une application n'a été que de 206 630. Cette audience est à mettre en regard du public potentiellement concerné. Le nombre de demandeurs d'emploi était de 6,6 millions en 2018 auxquels s'ajoutent les personnes à la recherche d'emploi qui ont également accès à ces services numériques », peut-on lire dans le rapport de l'institution.

Une analyse que ne partage pas - encore une fois - Jean Bassères : « Comme l’étude restituée dans Eclairages et Synthèse #49 l’indique, en 2018 un quart des demandeurs d’emploi recherchant un emploi via internet avaient déjà consulté l’emploi store (contre 12 % en 2016). Cette approche évaluative paraît plus convaincante que l’analyse de la fréquentation du site sur un mois réalisée par la Cour ».