Depuis le 14 octobre 2025 et la fin du support de Windows 10, la bascule vers Windows 11 devient incontournable pour les entreprises. Mais pour plusieurs secteurs, cette transition se transforme en véritable casse-tête. Selon Digital Health News, une autorité sanitaire britannique n’a pas pu mener à bien la migration de l’ensemble de son parc, une partie des dispositifs médicaux n’étant tout simplement pas compatibles avec le système d’exploitation. Le Rotherham Health Trust, cité par le média, a dû faire face à des coûts prohibitifs : un fournisseur lui aurait demandé 25 000 livres sterling (environ 30 000 euros) pour rendre un équipement de trois ans compatibles.

Et ce cas n’est pas isolé. Sur le site Windows Forum, plusieurs utilisateurs signalent que certains éditeurs de logiciels cliniques refusent ou échouent à certifier leurs solutions pour Windows 11. « Ces équipements fonctionnent souvent sur des réseaux isolés, sans accès à Internet, et sont gérés via des outils spécifiques », explique Timon Watson, analyste chez Gartner. « Toute modification nécessite des tests et validations poussés, parfois avec l’intervention de prestataires externes, ce qui peut prendre des mois. » Les contraintes du secteur médical compliquent la situation. « Les ordinateurs intégrés à des dispositifs médicaux font partie de l’équipement. Le fabricant garde la responsabilité. Toute mise à jour peut coûter très cher », ajoute-t-il.

Obstacles dans l’industrie et le maritime

L’industrie rencontre les mêmes freins. Rockwell a reconnu sur son site que ses systèmes industriels ASEM 6300P et 6300B ne sont pas compatibles avec Windows 11, leurs processeurs étant jugés trop anciens. D’autres fabricants devraient faire face à la même situation. Dans le maritime, la modernisation avance elle aussi lentement : près de la moitié des navires n’ont pas encore adopté le dernier OS, selon une étude de Marlink. Un retard qui pourrait accroître les risques de cyberattaques sur les flottes à moyen terme.

Chris Silva, spécialiste en sécurité des environnements de travail chez Gartner, tempère toutefois : « La fin de vie d’un système d’exploitation ne crée pas instantanément une faille critique. » De nombreux prestataires tiers proposent encore des services de sécurisation pour des OS anciens ou abandonnés.

Arbitrages coûteux pour les entreprises

Conscient des contraintes du terrain, Microsoft a prolongé la durée de vie de certaines versions. L’éditeur propose notamment Windows 10 IoT, conçu pour les environnements industriels, avec un support étendu jusqu’en 2032.

Pour les structures qui ne peuvent pas suivre cette voie, des arbitrages s’imposent. Certains établissements de santé pourraient juger leurs équipements dépassés. « Il est probable que certaines décident d’abandonner la mise à jour de leurs appareils actuels », estime Timon Watson. « Elles devront alors investir dans du matériel neuf et dans le cas d’un scanner IRM ou d’un appareil de radiologie, la note peut grimper à plusieurs centaines de milliers, voire plusieurs millions de dollars. »