Skype se développe de plus en plus sur Internet et est de plus en plus présent sur les PC à domicile comme sur les PC d'entreprise. Mais Skype peut il être dangereux pour la santé de votre réseau d'entreprise. C'est la question que s'est posé Kevin Tolly, le patron du Tolly Group un laboratoire de test d'équipement réseau américain, partenaire de Network World (Network World est la publication soeur de Réseaux et Télécoms aux Etats-Unis).

Que leur réseau transporte des paquets skype ne sera pas une surprise pour bien des administrateurs dont les utilisateurs utilisent le logiciel. Ce qui est plus surprenant en revanche est que les liens WAN et LAN de l'entreprise pourraient bien transporter des communications VOIP qui n'ont rien à voir avec les usagers de l'entreprise. En clair des communications dont l'origine ou la terminaison ne sont pas sur le réseau de l'entreprise. De par sa nature pair à pair, Skype fait en effet usage de la bande passante de l'entreprise utilisatrice pour transporter les appels de sa "communauté".

Lorsque le Tolly Group, s'est intéressé de plus près au trafic généré par Skype, en l'absence de toute information fournie par la société elle-même, il a découvert que chaque poste Skype devient en pratique un noeud d'un gigantesque réseau pair à pair, dont chaque membre participe au routage et au transport des appels. En fait chaque PC équipé de Skype se comporte comme un mini-serveur dans l'univers de Skype.

Le résultat peut être désastreux en terme de bande passante. Ainsi si un appel Skype consomme entre 24 et 128 Kbit/s de bande passante, rien que de très normal pour un logiciel de communication IP, la fonction de relais du réseau pair à pair peut dévorer jusqu'à deux fois ces montants. Or, il n'y aucun moyen de limiter ce trafic, même lorsque Skype n'est pas démarré. Sous Windows, le service Skype continue en effet de fonctionner en tâche de fond à moins de le tuer (par un Kill) ou de désinstaller complètement l'application. Pire, ce fonctionnement est parfaitement légal : lorsque l'utilisateur souscrit à Skype et à sa licence, il donne la permission au fournisseur d'utiliser son poste comme un relais potentiel(4.1. Permission to utilize Your computer. In order to receive the benefits provided by the Skype Software, you hereby grant permission for the Skype Software to utilize the processor and bandwidth of Your computer for the limited purpose of facilitating the communication between You and other Skype Software users). Résultat, dans certains cas ce n'est pas l'utilisateur qui utilise Skype mais Skype qui utilise l'utilisateur. Un compromis sans doute acceptable par un particulier en échange de la gratuité des appels, mais qui peut rapidement devenir problématique en entreprise. Comme l'explique Tolly, Skype doit clairement faire des efforts pour devenir un meilleur citoyen sur les réseaux d'entreprises"...